Adoption par l'Assemblée nationale d'un projet de loi linguistique controversé

Le projet de loi 96, la loi controversée qui est au centre des préoccupations des cégeps depuis plus d'un an, a été adopté par l'Assemblée nationale le mardi 24 mai par 78 voix contre 29.

La majorité de la CAQ et les députés de Québec Solidaire ont voté en faveur du projet de loi, les libéraux et les députés du Parti Québécois ont voté contre. Le PQ a jugé que la loi n'allait pas assez loin dans la protection de la langue française, les libéraux ont dénoncé l'invocation de la clause dérogatoire.

Pour le système des CEGEP, les dispositions du projet de loi ont une grande portée et affectent les personnes que les collèges de langue anglaise peuvent admettre et le nombre de cours que les étudiants doivent suivre dans telle ou telle langue. L'impact du projet de loi se fera sentir sur l'ensemble du programme d'études des collèges et sur la dotation en personnel enseignant. Cependant, on ne sait pas grand-chose à l'heure actuelle sur la manière dont la mise en œuvre sera effectuée.

Recherche de solutions d'atténuation

La manière dont le projet de loi sera appliqué aux étudiants autochtones et aux étudiants ayant des besoins d'apprentissage particuliers qui sont inscrits dans des collèges de langue anglaise n'est pas non plus très claire. Ces considérations et d'autres encore auront probablement une incidence sur le temps nécessaire à la mise en œuvre des dispositions du projet de loi 96, qui prendra certainement plus de temps que ne l'avaient prévu ses architectes, car les processus de refonte des programmes d'études sont laborieux. Après avoir modifié le RREC (règles qui régissent les programmes d'études des cégeps), chaque programme devra être révisé. Rien qu'à Dawson, il y a jusqu'à 94 grilles à réviser.

À l'avenir, le travail des directeurs généraux des collèges anglophones se concentrera sur l'atténuation de l'impact du projet de loi sur les étudiants et sur la dotation en personnel des facultés. En consultant les représentants du ministère de l'Enseignement supérieur, ils espèrent trouver des solutions aux problèmes et aux besoins les plus urgents. Lors de ces discussions, la directrice générale Diane Gauvin se concentrera sur ses priorités : la réussite des étudiants et la réduction de l'impact sur le corps professoral tout en respectant la convention collective.

Les complexités contenues dans le projet de loi 96 s'étendent de la salle de classe au lieu de travail. De nombreuses dispositions dictent la manière dont les établissements communiqueront avec les organismes extérieurs, et peut-être aussi en interne. La façon dont ces dispositions s'appliqueront aux collèges de langue anglaise n'est pas claire non plus. Il est certain que les politiques et les contrats devront d'abord être formulés en français et, sur demande, en anglais.

Défis en matière de droits de l'homme

Les experts juridiques et les défenseurs des droits de l'homme sont les plus préoccupés par l'invocation de la clause dérogatoire. Ils soulignent l'érosion des droits énoncés à la fois dans la Charte canadienne des droits et libertés de la personne et dans la Charte des droits du Québec. Le comité éditorial du Globe and Mail a expliqué cette dernière disposition en écrivant que "le gouvernement du Québec s'est protégé de la charge de protéger les droits des citoyens en invoquant la clause dérogatoire".

"C'est la partie de la Charte qui permet aux législatures de passer outre une longue liste de protections constitutionnelles. Ces droits suspensifs comprennent la liberté de conscience et de religion, le droit à la protection contre les fouilles, perquisitions et saisies abusives, et le droit de tous à un traitement égal devant la loi, sans discrimination".

Le 23 mai, La Presse a publié un article très complet qui explore toutes les facettes du projet de loi 96 et cite la directrice générale Diane Gauvin et deux enseignants de Dawson. Il s'agit d'un article à lire absolument pour quiconque cherche à s'informer sur le projet de loi, sur ce qu'il espère accomplir pour la société québécoise et la préservation de la langue française, et sur ses effets sur tous les Québécois, en particulier sur ceux qui vivent ou travaillent en anglais.



Dernière modification : 1er juin 2022