Réflexions de la fondatrice de New School

En août 1973, l'équipe fondatrice de New School se préparait à l’arrivée de 180 étudiant·es dans ce programme préuniversitaire alternatif. Le groupe était composé de 15 enseignant·es à temps plein et à temps partiel et d'autres membres du personnel travaillant à la bibliothèque, au sein de l'administration, à l'admission et en animation communautaire. L’école occupait deux charmantes demeures anciennes sur la montagne.

La pédagogie humaniste de New School se fondait sur les écrits de penseurs comme Abraham Maslow et Carl Rogers, partisans d'une approche holistique centrée sur l’élève et qui réponde simultanément à ses besoins cognitifs et affectifs. Les cours étaient conçus en partenariat par les profs et les élèves en fonction des champs d'intérêt de ces derniers et de ce qui les motivaient à apprendre. Les discussions quant aux sujets abordés et aux méthodes d'apprentissage et d'évaluation menaient à la formation de groupes d’apprentissage.

Photo : Greta Hofmann Nemiroff

Les étudiant·es et enseignant·es formaient également des groupes appelés « Bands » (15 à 20 étudiant·es par groupe) qui se réunissaient deux fois par semaine pour discuter de leur réalité. Chaque personne devait apporter sa contribution et participer à la prise de décisions. Depuis le début, il y avait un intérêt clair pour le changement social, et les membres de la communauté de New School ont lancé bien des projets militants au Collège et ailleurs, ou y ont participé.

New School a toujours été un haut lieu de créativité, d’originalité, d’enthousiasme, de militantisme et de solidarité. Mais au fil du temps, vu la détérioration des conditions dans le secteur collégial, elle a souvent été l'objet de compressions dans les programmes d’études, le personnel, les installations et le nombre d’étudiant·es.

En 1973, New School offrait des cours d’art, d’histoire de l’art, d’anthropologie, d’anglais, de français, d’histoire, de sciences humaines, de philosophie, de sociologie, de sciences politiques, de musique, de théâtre et de céramique. Aujourd'hui, en 2024, elle n'offre plus que des cours d'anglais et de sciences humaines.

Les premiers élèves de New School y étudiaient à temps plein dans le cadre d'un programme préuniversitaire. Très peu avaient un emploi à temps plein, ce qui leur permettait de passer du temps ensemble, de nouer des amitiés, et de discuter longuement avec leurs camarades, leurs profs et le personnel. Aujourd'hui, les étudiant·es de tous les programmes peuvent y suivre leurs cours d'anglais et de sciences humaines. La communauté demeure diversifiée, mais la population étudiante et le corps enseignant ont un temps limité à consacrer aux activités de New School.

Au fil des ans, nous avons dû nous adapter à un monde en mutation, et en particulier à la disparition du temps libre : les étudiant·es travaillent en plus de suivre leurs cours, et la charge des enseignant·es s'est alourdie depuis la grève de 1982-1983, notamment sur le plan de la correction.

Pour apprendre et se développer, il faut avoir le temps de réfléchir, de discuter en dehors des cours, et de mettre en commun idées et expériences. C'est un luxe que nous avons perdu, et l'expérience d'apprentissage en est affectée. Les ordinateurs et les médias sociaux ont aussi changé la façon de communiquer et d'interagir, notamment en groupe. Mais malgré ces changements sociaux qui touchent aux fondements de la philosophie et de la pédagogie de New School, les étudiant·es continuent de s'épanouir.

C'est formidable que la raison d'être et les valeurs de New School aient perduré. Les élèves continuent d'y explorer les sujets qui les intéressent. Les cours demeurent fondés sur le dialogue, ce qui leur permet de s’exprimer. Il règne un esprit de communauté dans nos locaux, et New School demeure un endroit où il fait bon travailler pour les membres talentueux et motivés du corps enseignant.

Je tiens à souligner que, si nous avons pu continuer d'y croire, c'est grâce au soutien de nos ami·es et collègues. Merci au personnel de l’administration qui nous a fourni aide et encouragements, aux membres des autres départements qui manifestent leur intérêt, au merveilleux personnel de soutien, et aux enseignant·es, stagiaires et étudiant·es de New School, dont le dévouement n'est plus à démontrer. Soulignons aussi la compétence, l’énergie et la conviction qu’Andrew Katz, Cory Legassic et Mari Heywood apportent actuellement à New School. Après cinquante ans, c'est grâce à l'énergie et à la générosité de toutes ces personnes que nous pouvons aujourd'hui fêter et envisager avec optimisme les cinq décennies à venir. Toute la communauté de Dawson est invitée à la célébration qui se tiendra le samedi 13 avril, de 16 h à 18 h, au local 5B.16, situé au cinquième étage.

- Par Greta Hofmann Nemiroff

Remarque

Greta Hofmann Nemiroff est une légende vivante et une pionnière de l'éducation innovante et des études féminines au Canada. Le Collège a invité cette ancienne enseignante à écrire une réflexion personnelle à l'occasion du 50e anniversaire de New School. En 1973, elle faisait partie de l'équipe fondatrice de New School, qu'elle a dirigée de 1975 à 2015. Elle a également signé l'ouvrage Reconstructing Education: Toward a Pedagogy of Critical Humanism, consacré à New School et publié aux presses de l'OISE à Toronto, en 1992.



Dernière mise à jour : 11 avril 2024