New School, un modèle à part
Quoi de bon du côté de New School?
Laissons la parole à Andrew Katz, prof d’anglais et nouveau coordonnateur de New School
Depuis six ans, Andrew Katz donne des cours d'anglais dynamiques et créatifs à New School, au 8e étage du Collège. Cory Legassic et Mari Heywood, responsables de la coordination à New School, ont demandé à Andrew en quoi cette approche avait modifié son enseignement et son engagement à Dawson.
New School est fondée sur un programme d’études émergent. Comment intégrez-vous ce pilier pédagogique dans votre enseignement?
« Je pense d’emblée à un cours où j’enseignais la littérature pour enfants, alors que nous lisions le premier roman que j’avais choisi. Des jeunes ont soulevé des objections sur le contenu et nous avons examiné le tout ensemble. J’ai tenu compte de leurs commentaires et je leur ai fourni une liste de titres pour que le groupe vote et choisisse le prochain roman. Curieusement, le fait de laisser les étudiant·es exprimer leurs points de vue et choisir la prochaine œuvre a eu un effet concret sur celles et ceux qui avaient rejeté le premier livre. Les jeunes ont réévalué leur opinion et remarqué des nuances qui leur avaient échappé à la première lecture. Dans le programme d’études émergent, on ne sait pas comment les jeunes vont réagir à une lecture ni la façon dont leurs commentaires vont faire évoluer le cours. C’est un défi certain. Toutefois, ce mode d’enseignement donne un véritable droit de regard aux jeunes sur les lectures, ce qui crée un lien avec le contenu et favorise un apprentissage plus poussé. »
L'animation de l’apprentissage, un autre pilier de New School, va à l'encontre de ce que Freire a baptisé à merveille le modèle bancaire de l’éducation. En quoi avez-vous changé vos méthodes d'enseignement à ce niveau?
« New School m’a permis de mieux comprendre en quoi le contexte social, culturel, familial et personnel peut jouer sur la réussite scolaire des jeunes. Elle m’a persuadé que laisser de la place aux étudiant·es en les traitant comme des personnes à part entière leur permet de créer des liens entre leur monde et leur programme d’études. Résultat? Les jeunes sont plus susceptibles de s’engager dans leurs études. New School propose une organisation et une gestion de cours qui m’ont permis de vivre certaines des expériences les plus enrichissantes au cours de mes 20 années d’enseignement. »
Les jeunes aiment vraiment l’espace qu'offre New School pour être vulnérables et montrer leur véritable personnalité. Se préoccuper des autres et créer des liens avec l’ensemble des membres du groupe d'apprentissage sont des objectifs de l'animation. Que mettez-vous en place pour les atteindre?
« Je commence toujours mes cours en prenant le pouls du groupe : je demande aux jeunes de m’indiquer avec leur pouce (en haut, sur le côté, en bas) comment elles et ils se portent pour avoir une idée de leur état d’esprit. Les jeunes peuvent expliquer, ou non, pourquoi leur pouce est dans telle ou telle direction. J’espère qu’en faisant cette petite vérification, les étudiant·es savent que je me soucie de leur bien-être alors que nous amorçons un cours ensemble. Une semaine où j’étais très occupé, j’ai oublié de le faire. Les jeunes m’ont vite dit rappelé à l'ordre, sur un ton un peu indigné! Derrière des visages parfois impassible se cachent souvent des jeunes qui aiment vraiment que les profs se soucient de l’état de leur monde intérieur, même si ce n’est que par un petit geste du pouce. »
Pouvez-vous nous parler d'un moment qui saisit vraiment l'essence de New School?
« Il y a plusieurs années, une étudiante très brillante et créative a suivi ses quatre cours d’anglais avec moi à New School. En prenant le pouls du groupe et en demandant aux étudiant·es de réfléchir à la matière à partir de leur expérience personnelle, j’ai pu voir qu’elle faisait face à divers problèmes majeurs. Malgré son potentiel évident, elle était à un cheveu de décrocher. Toutefois, la lumière tamisée dans les classes et la communauté de soutien de New School semblaient lui plaire. Même si elle remettait la plupart de ses travaux en retard, elle se présentait en classe et participait semaine après semaine. Quelques années plus tard, elle m’a envoyé un courriel pour me dire que son baccalauréat se passait à merveille et qu’elle était fière de remettre tous ses travaux à temps. Elle m’a dit que ses études à Dawson correspondaient à une période difficile de sa vie et que New School l’avait aidée à s’en sortir, en plus de lui permettre de rencontrer certaines des personnes dont elle est maintenant le plus proche. Elle a commencé sa maîtrise cette année. Quand je vois tout le chemin qu’elle a fait grâce au contexte d’apprentissage particulier qui permet à certains jeunes de s’accrocher aux études au lieu de tomber entre les mailles du filet, je ne peux qu'être reconnaissant que New School existe. »