Entretien avec Chris Adam à l'occasion de sa retraite
Chris Adam, fondateur et premier directeur du Bureau du développement durable de Dawson, prendra sa retraite en juillet. Le Bureau des communications s'est entretenu avec lui pour revenir sur sa carrière, ses défis et ses moments marquants au Collège. Voici notre entretien avec lui.
En quelle année avez-vous commencé à travailler au Collège Dawson? Quelles fonctions occupiez-vous?
En 1987, le programme Techniques de gestion et d’intervention en loisir (TGIL) m'a embauché par l'intermédiaire de mon entreprise pour proposer un programme d'écologie en plein air en hiver, puis un programme intensif d'éducation en plein air en automne. Mon mandat s'est renouvelé chaque année jusqu'au début des années 1990, lorsque j'ai officiellement rejoint Dawson à temps partiel dans le département des TGIL. Je suis par la suite devenu enseignant à temps plein. J'ai enseigné dans le programme TGIL pendant environ 25 ans. En 2017, je suis devenu directeur du nouveau Bureau du développement durable, mais en réalité, les efforts de développement durable au Collège Dawson avaient commencé en 2006. J'ai travaillé bénévolement pendant de nombreuses années pour mettre en place des programmes de développement durable au Collège, puis j'ai fini par être libéré pour continuer à assumer les nombreuses responsabilités associées au développement durable.
Avec le recul, quelle est votre plus grande fierté professionnelle? On ne peut qu'espérer que les méthodes utilisées dans le contexte de l'éducation formelle et informelle aident les personnes à faire des découvertes, à se rapprocher les unes des autres et à développer un sentiment d'appartenance à la communauté. Je crois que chacune et chacun peut contribuer au changement positif. Quand j'en suis témoin, je suis satisfait. Je pense que l'éducation doit transmettre aux étudiantes et étudiants un ensemble durable de connaissances et de compétences utiles, mais qu'elle doit aussi s'inscrire dans une démarche qui contribue à former des citoyen·nes responsables et bienveillant·es. J'ai fait de mon mieux pour incarner cette vision et je suis fier de mes efforts pour bâtir une communauté tout en apprenant et en enseignant.
Quels ont été les plus grands défis auxquels vous avez été confrontés et comment les avez-vous surmontés?
L'innovation et le changement dans les grandes institutions peuvent être épuisants et vous isoler, tant dans vos pensées que dans la pratique. Vous devez donner l’exemple en adoptant vous-même l’éthique de travail et la vision que vous proposez aux autres. Le statu quo est comme un élastique autour de la taille : il cherche constamment à vous ramener à la norme. Et lorsqu'il y parvient, c'est l'occasion de reprendre des forces, de réévaluer la stratégie puis de repartir avec plus d’expérience et un plan amélioré. Avec un peu de chance, on vous rejoint à la deuxième, troisième ou parfois même à la dixième tentative, et la résistance commence à s’affaiblir. Lorsque l'innovation devient la norme, tout le monde peut sourire de fierté et de satisfaction. Remettre en cause un système bien enraciné est un défi qui demande motivation, courage, prise de risque, empathie et modération. Avec le recul, je me rends compte qu'il est essentiel de ne jamais perdre de vue sa vision. Comme l'eau qui dévale une colline, elle peut être ralentie par des obstacles, mais elle trouvera un moyen de les contourner pour atteindre sa destination. J'apprends encore à être comme l'eau!
Comment votre profession a-t-elle évolué depuis vos débuts?
La première année où j'ai commencé à travailler à Dawson, c'est l'année où le développement durable a été défini dans le Rapport Brundtland. Je me souviens d'avoir rencontré un politicien fédéral qui m'a dit sagement de ne pas passer ma carrière à le définir, car nous serons encore en train de le redéfinir dans 25 ans! C'était un bon conseil. Il m'a dit de commencer à agir pour aider les autres et la planète. Le développement durable n'était pas bien compris. Et même quand il était encouragé, il évoluait généralement en marge des cadres institutionnels établis, sans réelle intégration. Les enjeux environnementaux étaient alors au premier plan, mais aujourd'hui, la notion de bien-être pour tous (les personnes, les autres êtres vivants et la planète) donne au développement durable une définition beaucoup plus large et holistique. Un jour, lorsque les institutions n'auront plus besoin d'un Bureau du développement durable, ce sera la preuve que la société est devenue durable.
Qu'est-ce que vous avez le plus apprécié au Collège Dawson?
Sans aucun doute, les relations que j'ai développées avec le personnel et la population étudiante en travaillant sur des projets stimulants qui ont changé le Collège.
Quels sont les points forts de votre carrière ici et en général?
Il y a beaucoup de relations et de projets individuels qui ont été marquants. Avoir l'occasion de travailler et d'apprendre de Jane Goodall a été spécial, tout comme voir le sourire d'excitation d'un enfant de première année qui vient d'attraper son premier têtard! Je suis fier d'avoir pu créer plusieurs entreprises qui mettent l'accent sur l'utilisation de la nature comme guide, indépendamment des objectifs des programmes scolaires, et d'avoir redonné à la communauté par l'entremise de ces entreprises à vocation sociale. J'ai influencé de nombreux enfants, étudiant·es et collègues et appris d'eux tout au long de mon parcours. Toutes ces relations, prises ensemble, sont très précieuses. J'ai eu la chance de recevoir différentes formes de reconnaissance, mais celle-ci revient véritablement aux nombreuses personnes qui m'ont aidé en cours de route. Les premières écoles qui m'ont embauché alors que j'étais un très jeune et naïf entrepreneur de 20 ans, les ami·es qui m'ont dit les bonnes choses au bon moment et qui m'ont permis de poursuivre mon chemin, les personnes qui ont cru en une vision à long terme, les portes des bureaux qui étaient ouvertes aux visites spontanées, et ainsi de suite... Être reconnu par mes pairs partout au Canada et nommé pour la Médaille du service méritoire de la gouverneur générale est sans aucun doute un honneur, mais encore une fois, cet honneur revient aussi à ma famille, à mes ami·es et à la communauté de Dawson qui m'ont encouragé, encadré et permis de jouer dans notre Campus vivant.
Qu'est-ce qui vous manquera du Collège Dawson ?
Le caractère de Dawson est le reflet fidèle du caractère des personnes qui en font partie. J'ai beaucoup de chance d'être entouré de personnes qui se soucient des autres et qui veulent rendre leur monde meilleur. Toutes les conversations énergiques qui ont lieu chaque jour me manqueront certainement.
Quels sont vos espoirs pour Dawson?
Que Dawson continue à cultiver un Campus vivant où l'expérience pratique et l'apprentissage à fort impact ont lieu et où les étudiant·es, ainsi que le personnel, construisent un réseau de relations porteur d'espoir et de sens.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu'un qui fait ses premiers pas à Dawson ou dans votre domaine?
Regardez au loin pour vous fixer des objectifs, mais agissez aujourd'hui, demain et après-demain. Ne surchargez pas l'esprit d'informations au détriment de l'émerveillement et de l'admiration. Trouvez un équilibre entre le ressenti et la connaissance dans les activités éducatives, autant que possible. Je pense que la meilleure évaluation d'un programme de développement durable réussi et à long terme est la qualité des relations interpersonnelles établies en cours de route qui le soutiendront. J’ai observé que ce ne sont ni le manque de fonds, ni le déficit de connaissances, ni même certaines décisions politiques qui font échouer un programme de développement durable, mais bien le manque de volonté et d’engagement pour aller là où il faut.
Les arbres, les papillons, les grenouilles et les oiseaux du campus sont un témoignage vivant de tout ce que nous avons accompli et le résultat du travail coordonné de tant d'étudiant·es et d'employé·es. C'est leur maison.
Qu’est-ce que vous avez hâte de faire une fois à la retraite?
Le jardinage, les randonnées, la lecture et le temps passé en famille sont à l'ordre du jour dans l'immédiat. Ensuite, je me plongerai dans des projets nationaux et internationaux pour lesquels je suis consultant.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose?
Je vous envoie un énorme câlin collectif!