Deux finalistes de la Bourse Loran à Dawson
Une étudiante et un étudiant extraordinaires de Dawson seront à Toronto du 21 au 23 février pour la dernière étape du processus de sélection du programme de Bourses Loran. Les deux étudiants sont finalistes pour une bourse évaluée à 100 000 $ sur quatre ans, soit la plus prestigieuse des bourses de premier cycle au pays.
Ahmad Mousattat, étudiant en Sciences de la santé enrichies, et Leila Pozzi, étudiante dans le profil Changement social et solidarité des Sciences humaines, sont déjà des gagnants. Tous les finalistes dont la candidature n'est pas retenue peuvent recevoir une Bourse Loran de 6 000 $ valable pour des études dans n'importe quelle université canadienne. Ahmad et Leila ont été choisis sur la base de critères qui vont au-delà des notes. Selon la Fondation Loran, les finalistes sont des jeunes « qui avancent résolument vers leur but » et « qui font preuve d'une grande force de caractère, d'un profond engagement à venir en aide et d'un exceptionnel potentiel de leadership ».
Les récipiendaires de la Bourse Loran profiteront d'un programme d'enrichissement du leadership d'une durée de quatre ans, de l'aide financière pour leurs études de premier cycle sous la forme d'une dispense des frais de scolarité et d'une allocation annuelle, de diverses possibilités d'apprentissage expérientiel, d'un mentorat individuel auprès de leaders du secteur communautaire ou du monde des affaires, de rencontres de boursier·èrs et d'une communauté durable de pairs, d'ancien·nes boursier·ères et de partenaires. Les Boursier·ères Loran 2025 seront annoncé·es en mars.
Le Bureau des communications s'est entretenu avec Ahmad et Leila. Voici le compte rendu de l'entretien.
Comment avez-vous réagi quand vous avez appris que vous étiez finalistes pour une Bourse Loran?
Ahmad : J'ai remercié Dieu pour cet honneur. J'ai eu l'idée de poser ma candidature pour une Bourse Loran pendant que j'étais en classe d'accueil, à mon arrivée au Canada il y a cinq ans. À cette époque, je n'aurais jamais espéré qu'une occasion aussi grande se présente. Je n'ai pas encore assimilé complètement le fait d'avoir été choisi parmi près de 6 000 candidat·es d'exception au Canada, mais j'en suis incroyablement reconnaissant.
Leila : Je suis extrêmement honorée et fière d'avoir été sélectionnée comme finaliste Loran parmi un groupe de candidates et candidats de grand talent. Cette reconnaissance m'inspire à continuer à viser l'excellence et à m'investir dans ma communauté. Je suis profondément reconnaissante du soutien que j'ai reçu tout au long de mon parcours et je suis heureuse d'avoir l'occasion de rencontrer d'autres personnes motivées et passionnées pendant le processus de sélection.
Pouvez-vous nous parler de quelques éléments que vous avez mis en valeur dans votre dossier de candidature?
Ahmad : J'ai fait de mon mieux pour expliquer mon travail ici et à l'international, en particulier mes campagnes humanitaires et mes efforts de mobilisation et de renforcement communautaire à l'échelle de la province. Étant un enfant du Printemps arabe, j'ai essayé de faire des liens entre mon travail et mes origines ainsi que mon désir de réunir mon peuple et de faire revivre notre civilisation.
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Photo : Ahmad Mousattat
Leila : La Bourse Loran est décernée à 36 étudiant·es qui font preuve d'une grande force de caractère, d'un profond engagement à venir en aide et d'un exceptionnel potentiel de leadership. Dans mon dossier de candidature, j'ai parlé des nombreuses initiatives et des clubs dont j'ai fait partie. Je mentionne notamment la co-création de la troupe de danse de Dawson (l'équipe de danse compétitive de Dawson), mon poste de vice-présidente du développement durable et de l'équité au sein de l'Association étudiante de Dawson et mon travail de présidente du Forum jeunesse de l'île de Montréal.
Comment vous préparez-vous aux entrevues nationales à Toronto?
Ahmad : Je prends le temps de réfléchir à mes projets pour les années à venir et de voir où je peux aider le plus avec ce que j'ai en main en ce moment. Je veux avoir une vision bien définie de mon but et de mon rêve, d'autant plus que c'est un projet à long terme dont je ne verrai peut-être pas les fruits de mon vivant. Je veux mettre mes intentions au clair avant de rencontrer la merveilleuse équipe de Loran et mes pairs à Toronto.
Leila : Puisque les entrevues et le processus de sélection sont basés sur l'esprit de leadership et les engagements antérieurs, il n'y a pas grand-chose à faire pour se préparer. J'ai simplement pris soin de moi pour ne pas tomber malade.
Parlez-moi de vos études à Dawson. Qu'avez-vous aimé de votre programme et de votre profil? Que retenez-vous de votre parcours à Dawson? Qu'est-ce qui vous a plu le plus? Que retirez-vous de votre passage au Collège?
Ahmad : J'étudie en Sciences de la santé enrichies, un programme que j'ai choisi dès mon arrivée au Canada. Je suis content d'avoir acquis des connaissances approfondies dans le domaine scientifique et d'avoir découvert les avenues potentielles que je pourrais emprunter pour atteindre mes objectifs. Même si cela ne va pas de soi, la lourde charge de travail m'a motivé à mener à bien mes initiatives humanitaires. Je pensais aux efforts nécessaires pour reconstruire tout ce que mon peuple a perdu. Comme Dawson fait partie des grands cégeps du Québec, j'ai pu élargir mon rayon d'action comme je ne l'avais jamais fait auparavant. J'ai pu entrer en contact avec des professionnel·les et des étudiant·es d'universités et d'établissement partout au pays. Je ne serais pas le leader que je suis aujourd'hui sans l'environnement que le Collège m'a offert.
Leila : Étudier dans le profil Changement social et solidarité de Dawson est une expérience incroyable, qui dépasse le parcours scolaire. C'est un espace de croissance, d'apprentissage et de connexion. Les cours m'ont permis de mieux comprendre la complexité des inégalités mondiales. Les profs ont quant à eux été une véritable source d'inspiration grâce à leur expertise et leur passion en matière de justice sociale.
J'ai vraiment aimé l'esprit de communauté au sein du programme. Mes camarades de classe ont apporté diverses perspectives et ensemble, nous avons une volonté collective de changer les choses. C'est à la fois motivant et stimulant. Grâce à nos discussions et à nos collaborations, j'ai acquis des connaissances, mais j'ai aussi mieux compris comment m'engager de façon significative.
Je ressors de mon parcours à Dawson mieux informée, plus empathique et plus proactive. Les outils que j'ai acquis ici me permettent d'aborder les enjeux d'inégalité avec confiance et détermination. J'ai vraiment aimé la façon dont le programme encourage la pensée critique tout en favorisant un sentiment de solidarité et d'espoir quant au changement. C'est une expérience transformatrice qui me servira pour l'avenir.
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Photo : Leila Pozzi
Parlez-nous de votre vie à Dawson et ailleurs. Quels sont les clubs, les projets et les activités auxquels vous participez? De quelles équipes faites-vous partie?
Ahmad : Je suis le président de la Muslim Student Association, ainsi que le fondateur et le leader de la division collégiale du Québec d'Islamic Relief, soit l'un des plus grands organismes humanitaires internationaux à l'échelle de la planète. J'ai fondé l'équipe à Dawson, mais en moins d'un an, j'ai pu faire de même à l'Université McGill, à l'Université Concordia, à l'Université de Montréal, au Collège Vanier et au Collège John Abbott. Aujourd'hui, notre équipe est l'une des plus importantes initiatives humanitaires de la province, avec des centaines de milliers de dollars recueillis jusqu'à présent. Je dirige la communauté musulmane à Dawson et au Québec en coordonnant des campagnes et des projets éducatifs et humanitaires et en formant la prochaine génération de jeunes leaders. En dehors du Collège, je suis vice-directeur pour le Québec de la campagne humanitaire internationale de Charity Week et, l'année prochaine, je serai l'un des responsables de cette initiative à l'échelle nationale. Je voyage également à l'étranger pour participer à des projets de développement humanitaire. Mon dernier séjour était en Bosnie-Herzégovine.
Leila : Je suis vice-présidente du développement durable et de l'équité au sein de l'Association étudiante de Dawson. Je supervise de nombreux projets menés par les étudiant·es, comme le Swap, un service d'échange de livres. Je suis cofondatrice et directrice de l'équipe de danse de Dawson, qui se prépare actuellement pour une compétition. De plus, je suis cofondatrice de l'Intercollegiate Eco-Exposition, un événement environnemental visant à promouvoir l'engagement dans les cégeps. Je suis également cofondatrice de l'événement Artz Showcase. En dehors du Collège, je suis danseuse de compétition à l'Académie de danse de Montréal, où je fais également du bénévolat. Je suis également coordonnatrice des médias sociaux pour Écosystème Jeunesse Canada (section de Montréal) et présidente du Forum Jeunesse de l'île de Montréal.
Quels défis avez-vous dû relever?
Ahmad : Devant toute la destruction et la mort dans mon pays, j'ai souvent eu l'impression que mon travail ne servait à rien. C'était très difficile de garder le moral en voyant ce qui se passe dans le monde arabe, en particulier à Gaza. Ma santé mentale et physique en a beaucoup souffert, et c'est devenu très difficile de concilier mon travail et mes études, d'autant plus que je devais obtenir d'excellentes notes pour atteindre mes objectifs. Je devais constamment me rappeler de rester patient et de m'inspirer de mes ancêtres qui ont été de grands leaders. J'ai découvert que c'est la seule façon d'avancer pour rétablir notre honneur.
Leila : Tout au long de mon parcours, j'ai affronté plusieurs défis qui ont contribué à façonner la personne que je suis aujourd'hui. En particulier, j'ai dû remettre en question et désapprendre des idées préconçues sur le monde et la place que j'y occupe. Le profil Changement social et solidarité m'a poussée à examiner d'un œil critique des questions telles que le privilège, les inégalités systémiques et l'injustice dans le monde. Ce n'était pas toujours facile, mais profondément nécessaire.
Quelle est votre vision d'un avenir meilleur et comment pensez-vous y contribuer?
Ahmad : L'avenir sera plus radieux lorsque nous comprendrons enfin que l'histoire se répète. Tout décline après avoir atteint la perfection. Je suis persuadé qu'en prenant la mesure de ce que nous avons perdu et de ce que nous avons été, nous pourrons retrouver la prospérité et de la dignité sur nos terres. Si je dois contribuer à cet avenir, inch Allah, alors je me vois mener des initiatives pour unir ma communauté et planter des graines d'espoir chez notre jeunesse. Je ne conçois pas d'autre chemin vers la victoire sans un investissement pensé des décennies à l'avance. En plaçant notre confiance dans la prochaine génération, nous ouvrirons la voie à la justice.
Leila : Ma vision d'un avenir meilleur est celle d'un monde où l'équité, la justice et la compassion sont au cœur de nos sociétés. J'imagine un monde où les inégalités systémiques sont démantelées et où chaque personne a accès aux ressources et aux conditions dont elle a besoin pour s'épanouir. Cet avenir placerait la durabilité, la collaboration et le respect de la diversité au coeur des priorités, de sorte que personne ne soit laissé pour compte.
Je me vois contribuer à cette vision en utilisant les outils et les connaissances que j'ai acquis pour plaider en faveur d'un changement significatif. Que ce soit par l'engagement communautaire, l'éducation ou l'action politique, je veux participer activement à la lutte contre les inégalités mondiales et à la promotion de la justice sociale. Je crois au pouvoir de l'action collective et j'espère inspirer les autres et collaborer avec quiconque partage cette même vision. En continuant d'apprendre, d'écouter et d'agir, j'espère jouer un rôle dans la création d'un monde plus inclusif, plus équitable et plus durable.
Quels sont vos projets d'avenir? Quelle université envisagez-vous de fréquenter et dans quel programme?
Ahmad : J'ai presque terminé mes demandes d'admission à l'université. Même si mon cœur penche avant tout vers la médecine, je ne ferme pas la porte à des études en dentisterie ou en aérospatiale. Mon objectif est d'ouvrir toutes les portes, puis de suivre le chemin que Dieu a tracé pour moi. À terme, je me vois travailler sur le terrain, auprès des orphelin·es, idéalement comme médecin dans la sphère humanitaire. J'ai déjà postulé à McGill, à l'UdeM, à Sherbrooke et à Laval. Ce sera un honneur de pouvoir m'inscrire à l'une de ces universités. L'avenir nous le dira.
Leila : L'avenir est encore très incertain pour moi, mais j'espère pouvoir étudier à McGill ou à l'Université de la Colombie-Britannique en droit ou en analyse de données.
Aimeriez-vous ajouter quelque chose?
Ahmad : Je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers Rashmini Segarajasinghe-Ernest et Max Jones pour leur soutien et leurs encouragements indéfectibles tout au long de mon parcours vers mes objectifs. Je n'oublie pas non plus les frères et sœurs qui font partie de mon équipe, sans qui je n'aurais jamais pu mettre sur pied mon initiative. Enfin, je souhaite rappeler à mes frères de se souvenir de leur passé et de profiter de leur jeunesse pour aider notre oumma à retrouver sa grandeur d'antan, inch Allah.
Leila : Je suis extrêmement fière et reconnaissante de pouvoir me considérer comme finaliste. J'ai hâte de voir ce que l'avenir me réserve.