Mention d'honneur pour le professeur de français Laurent Duval
Laurent Duval, professeur de français au Collège Dawson, a récemment reçu une mention d'honneur de l'Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC). Cette distinction souligne son dévouement à la réussite de la population étudiante, son engagement envers des pratiques d'enseignement inclusives et novatrices, ainsi que son rôle actif dans la promotion de l'enseignement en français au Collège Dawson et dans l'ensemble du Québec. Il s'est récemment entretenu avec le Bureau des communications afin de faire part de ses réflexions sur cette distinction, de sa philosophie d'enseignement et de ses contributions à la communauté.
Comment vous êtes-vous senti lorsque vous avez appris que vous receviez la Mention d’honneur de l’AQPC?
LD : J’ai d’abord ressenti un grand stress ! Parce que je n’aime pas vraiment être le centre de l’attention. On m’a fait croire que je devrais prononcer un discours lors de la réception de ce prix, ce qui m’a donné des palpitations, jusqu’à ce que je prenne conscience qu’il n’y aurait pas de discours, car je n’étais tout compte fait pas si important que ça… J’ai sincèrement vécu beaucoup de gratitude. C’est un honneur d’être reconnu par mes pairs et par ma communauté, surtout dans un milieu où se côtoient autant de pédagogues intelligents et passionnés.
Que signifie cette reconnaissance pour vous, tant sur le plan personnel que professionnel?
LD : Sur le plan personnel, c’est une belle validation du chemin parcouru, que j’accueille avec énormément d’humilité. Sur le plan professionnel, c’est un encouragement à poursuivre mon engagement envers la réussite des étudiants. Je souhaite dédier cette reconnaissance à mes braves collègues du département de français et aux collègues des autres disciplines qui enseigneront en français. Le travail qui s’accomplit en ce moment au collège pour faciliter la mise en place de l’actualisation de la Charte de la langue française est énorme et mérite d’être souligné à chaque occasion.
Selon vous, qu’est-ce que ce prix met en lumière sur votre approche de l’enseignement?
LD : Il met en lumière l’importance que j’accorde au fait de mettre en lumière l’étudiant ! L’étudiant est vraiment au centre de ma pratique : j’aime contribuer à faire des autres le centre de l’attention, en m’intéressant profondément à eux. C’est ce qui me fascine dans l’enseignement. Et c’est un grand bonheur de pouvoir utiliser la langue, la communication, la littérature pour le faire et pour créer un environnement agréable et stimulant.
Qu’est-ce qui motive votre pratique pédagogique et comment a-t-elle évolué durant votre carrière au Collège Dawson?
LD : Ma principale motivation a toujours été de faire en sorte que les étudiants associent à leur apprentissage du français une expérience positive, en plus de progresser et de prendre confiance en eux sur le plan langagier, évidemment. Au fil des ans, j’ai tenté d’intégrer différentes approches (actives, collaboratives, technologiques) pour répondre aux réalités changeantes de la classe, pour soutenir la diversité des profils d’apprentissage, mais aussi pour me nourrir et pour rester un peu – un peu ! – en dehors de ma zone de confort.
Pouvez-vous décrire un projet ou une approche innovante que vous avez introduite dans vos cours de français?
LD : Dans les deux dernières années, j’ai pu participer à trois différents groupes de rédaction de compétences au ministère de l’Enseignement supérieur. Dans la foulée de l’actualisation de la Charte de la langue française, vingt-deux compétences de français devaient être actualisées ou créées. C’était une expérience très enrichissante pour moi, qui m’a permis de réfléchir et de mettre de l’avant des approches qui seront potentiellement adoptées par plusieurs collègues partout au Québec, et par moi aussi dans mes propres cours. Que ce soit l’interaction orale, l’utilisation de stratégies ou de différentes démarches favorisant l’autonomie, ou la mise de l’avant de la participation active, plusieurs outils permettent maintenant aux étudiants de pratiquer le français autrement et de s’approprier la langue dans un cadre motivant et actuel.
Comment intégrez-vous de nouvelles méthodes pédagogiques, la technologie ou un langage inclusif dans vos leçons?
LD : J’ai une certaine tolérance à l’erreur, j’accepte de ne pas être parfait et je ne me prends pas au sérieux, alors je ne crains pas de tester les approches ou les outils qui sont nouveaux. Les personnes enseignantes jouent souvent le rôle de modèle, mais un modèle ça doit aussi apprendre en commettant des erreurs. Je me fie beaucoup à mes étudiants : s’ils sont intéressés, s’ils apprennent, s’ils passent du bon temps, c’est qu’on s’améliore.
De quelles manières cherchez-vous à favoriser l’engagement et la réussite des étudiants dans votre classe?
LD : J’essaie de créer un climat de confiance où les erreurs deviennent des occasions d’apprentissage. Je varie les activités, j’accorde une place centrale à la rétroaction formative, quand mes étudiants ne se sentent pas trop participatifs, j’essaie de ne rien prendre de façon trop personnelle, j’essaie plutôt de rire avec eux.
Y a-t-il un accomplissement d’étudiants qui vous tient particulièrement à cœur?
LD : Plusieurs. Mais, j’ai une pensée toute spéciale pour nos étudiants non titulaires de déclaration d’admissibilité à l’éducation anglophone qui doivent passer l’épreuve uniforme de français dans un contexte très particulier. Surtout ceux et celles qui ont des défis par rapport à l’acquisition de stratégies d’autorégulation. Je vis leur réussite comme une victoire pour notre communauté.
Comment avez-vous contribué à la communauté du Collège Dawson au-delà de l’enseignement en classe?
LD : Depuis l’entérinement de la Loi 14, j’ai eu la chance de participer au Groupe de soutien à l’enseignement en français (Teaching in French Task Force). En plus de collaborer avec des collègues extraordinaires, des conseillères pédagogiques aussi compétentes que généreuses et des administrateurs qui cherchent à consulter afin de prendre des décisions avisées, j’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes enseignantes qui se sont souvent mises en situation de vulnérabilité devant moi, ce qui m’a beaucoup touché. Je pense avoir modestement contribué à nourrir un peu leur résilience par rapport au défi de l’enseignement en français.
Quel conseil donneriez-vous aux enseignants débutants qui commencent leur carrière?
LD : Je leur dirais de rester curieux, flexibles et bienveillants. Que cette profession est magnifique, essentielle et qu’elle a beaucoup à offrir. De ne pas hésiter à demander du soutien, à expérimenter et à apprendre de leurs erreurs. Et surtout, de garder en tête que chaque étudiant a un potentiel qu’il faut mettre en valeur, même si parfois ce n’est pas facile. Et je leur conseillerais de choisir le collège Dawson, dont la communauté est une richesse !
De quoi êtes-vous le plus fier dans votre parcours d’enseignant jusqu’à présent?
LD : Je suis fier d’avoir contribué à créer des espaces d’apprentissage où les étudiants se sentent respectés, soutenus et encouragés à aller plus loin. Je suis aussi fier des liens que j’ai bâtis avec mes fantastiques collègues et de nos efforts collectifs pour traverser la zone de turbulence que constitue le déploiement de la Loi 14 dans les collèges anglophones.