Les cégeps doivent rouvrir plus tôt pour permettre aux étudiants de terminer leur formation et leurs études

Le 27 avril, le ministère de l'Éducation du Québec a fait part de son plan de réouverture des écoles à travers le Québec. Ce plan sera progressif et permettra un retour graduel en classe, d'abord dans les régions, puis dans la région métropolitaine de Montréal. L'idée est qu'un nombre limité d'élèves retourneront dans les écoles, tandis que d'autres resteront à la maison et auront accès à l'apprentissage et au soutien à distance. Les écoles primaires seront les premières à ouvrir leurs portes et les écoles secondaires ne le feront qu'à l'automne.

Il est certain qu'il faut rouvrir les écoles du Québec par étapes. Le problème de ce plan est l'absence de prise en compte de l'enseignement supérieur, en particulier des cégeps. Il laisse perplexe.

Pendant la fermeture, les universités et les cégeps ont été invités à mettre en place des mesures pour assurer la poursuite de l'enseignement. Le semestre a été dispensé en grande partie par le biais de plateformes et de techniques d'apprentissage en ligne. La mission de base était de sauver le semestre, de préserver l'intégrité académique et de s'assurer que nos diplômés possèdent les compétences requises.

Depuis le début, nos enseignants ont travaillé très dur avec le soutien de leurs collègues non-enseignants pour redéfinir leurs cours et tout adapter à l'enseignement à distance.
Divers aménagements ont été autorisés par le ministère afin de répondre à de nombreuses problématiques, notamment en matière d'évaluation. Tout cela s'est fait dans le respect du jugement professionnel de nos enseignants et de l'autonomie des institutions académiques !

Aujourd'hui, ces mêmes enseignants sur lesquels nous comptions pour leur jugement professionnel nous disent qu'il ne sera pas possible de conclure certains cours, heureusement peu nombreux, par un apprentissage strictement en ligne. Nous aurons besoin d'une présence physique minimale pour conclure les activités d'apprentissage pratique, qui se déroulent dans des laboratoires ou des ateliers. C'est important pour que ces étudiants puissent terminer leurs études et préserver l'intégrité de leur diplôme universitaire.

C'est la première raison de permettre l'accès aux campus des CEGEP. Bien entendu, cet accès serait limité et se ferait dans le strict respect des protocoles de santé publique.

La deuxième raison est que pour de nombreux étudiants, le semestre d'été est la seule occasion de remplir les conditions d'admission à l'université ou à un autre programme de CEGEP. Un semestre d'été se déroulerait principalement en ligne. Cependant, certains cours prérequis courants, tels que la chimie, la biologie et la physique, requièrent des activités d'apprentissage pratiques.

Le semestre d'été est essentiel pour maintenir la qualité de notre formation, qui assure à nos étudiants une transition en douceur vers leur prochain programme d'études ou vers le monde du travail. Sans la possibilité d'un semestre d'été, les aspirations de milliers d'étudiants seraient compromises.

Une troisième raison est liée aux travaux de rénovation qui ont lieu chaque année dans nos établissements. Ces travaux se déroulent principalement pendant l'été, lorsque les campus sont plus calmes. Ces projets de rénovation sont liés aux récentes révisions de programmes. Il faut comprendre que le processus de révision et de mise à jour des programmes introduit de nouveaux objectifs pour notre formation, ce qui nécessite de nouveaux environnements et équipements d'apprentissage, ainsi que des rénovations. Sans la possibilité de faire des rénovations, il serait impossible de déployer les activités d'apprentissage prévues par les programmes.

La prudence doit guider nos décisions et il est clair que la prudence est la première considération dans la réouverture progressive des écoles du Québec.

Un plan de transition pour sortir de l'isolement et revenir à un retour progressif aux activités normales sur les campus des CEGEP est nécessaire. Il nous aiderait à résoudre les problèmes liés à l'achèvement de la formation et à la certification des études, tout en suivant les protocoles de santé publique et en respectant autant que possible les limites imposées aux rassemblements publics.

Un tel plan nous aiderait à affiner notre planification en vue d'une reprise complète des cours et des activités en août dans des circonstances sans précédent.

Richard Filion
Directeur général
Collège Dawson

Remarque

Cet article d'opinion a été publié par Le Devoir le 30 avril :

https://www.ledevoir.com/opinion/idees/577961/un-plan-de-deconfinement-pour-les-cegeps-s-impose



Dernière modification : 30 avril 2020