Voici la dernière cohorte de la maîtrise en pédagogie de l'enseignement supérieur au collégial
Trois membres du corps enseignant de Dawson, Maria Lavoie (radiodiagnostic), Lei Lopez (informatique) et Jim Parthimos (administration) ont maintenant complété leur maîtrise en pédagogie de l'enseignement supérieur au collégial (M.Ed.) dans le cadre du programme Performa de l'Université de Sherbrooke. Dans leur entretien avec le Bureau des communications, les profs nous parlent de leurs projets, de leur évolution en tant qu'enseignant·es et d'autres sujets.
- La maîtrise repose sur un projet pédagogique ou de recherche innovant ou une analyse approfondie d'un sujet ou de votre pratique. Veuillez nous parler de votre projet et nous dire quels sont les résultats et les répercussions.
Maria: En tant qu'enseignante clinique, j'avais souvent du mal à motiver les étudiantes et les étudiants à faire une vraie réflexion. Je cherchais donc des moyens d'orienter et de dynamiser nos échanges. La pratique réflexive est essentielle en enseignement clinique: elle aide à traiter la rétroaction, à cerner les améliorations nécessaires et à renforcer l'auto-efficacité. Mais pour la personne qui apprend comme pour celle qui enseigne, cette pratique est difficile à mettre en œuvre. Dans mon projet de maîtrise, «Amélioration de la pratique réflexive et du sentiment d'auto-efficacité par l'utilisation d'un journal de réflexion structuré», je mise sur une approche de recherche-action quasi expérimentale pour examiner l'effet d'un journal de réflexion sur les étudiantes et les étudiants de troisième année en radiodiagnostic. Pendant 10 semaines, les personnes participantes ont tenu un journal conforme aux compétences du ministère et basé sur le cadre de Gibbs, avec des questionnaires quantitatifs et qualitatifs, avant et après l'intervention. J'ai constaté d'importantes améliorations en matière d'auto-efficacité globale et de réflexion ciblée. Certaines autoévaluations plus faibles pourraient refléter une conception plus critique des attentes en clinique. Ces résultats montrent que la tenue d'un journal structuré peut favoriser la métacognition, l'apprentissage autorégulé ainsi que les compétences en perfectionnement professionnel.
Lei : Mon projet portait sur les compétences métacognitives des étudiants de première année en informatique. Étant donné l’évolution constante de cette discipline, je souhaitais mieux comprendre comment les étudiants abordent leurs apprentissages dans un contexte aussi dynamique. Plus globalement, j’estime que savoir apprendre est une compétence précieuse, peu importe la voie que les étudiants empruntent par la suite. Ce qui m’a le plus surprise dans mes résultats, c’est l’importance de la mémorisation pour les étudiants de première année. Cela m’a rappelé que pour leur offrir une base solide en informatique, il est essentiel de proposer des activités d’enseignement et d’apprentissage qui renforcent la terminologie et le vocabulaire technique.
Jim : Ma thèse s'intitule Examining the Connection Between the Needs of the Business World and CEGEP Business Programs. Elle porte sur l'adéquation entre les compétences enseignées dans un programme d'administration au niveau collégial (dans un CÉGEP) et les aptitudes requises par la main-d'œuvre dynamique d'aujourd'hui. Elle révèle un écart au niveau des compétences non techniques essentielles comme la pensée critique, la communication, la collaboration et l'adaptabilité, toutes valorisées par les chefs de file de l'industrie. Les données d'un sondage effectué auprès de chefs d'entreprise en 2023 et 2024, ainsi qu'un examen de 28 plans de cours, indiquent que les mandats ministériels mettent l'accent sur la résolution de problèmes et l'expertise technique, mais que ces compétences ne sont pas essentielles en milieu de travail. Selon les 18 membres du corps enseignant sondés dans le cadre d'une enquête, les compétences professionnelles sont en effet incluses dans le programme d'études, ce qui met en évidence l'écart entre les méthodes d'enseignement traditionnelles basées sur des cours magistraux et les approches collaboratives et expérientielles nécessaires dans les lieux de travail modernes. Les résultats soulignent la nécessité pour les programmes d'administration d'intégrer la pensée critique, les compétences interpersonnelles et les méthodologies collaboratives actuelles dans les programmes d'études. Voilà qui donne des indications précieuses pour le développement des programmes et la promotion de stratégies d'enseignement qui améliorent la préparation des diplômé·es au contexte d'affaires mondialisé.

Maria Lavoie
- Parlez-moi de votre carrière. Quand avez-vous commencé à enseigner et pourquoi? Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans l'enseignement?
Maria: Je travaillais comme technologue au Centre universitaire de santé McGill quand on m'a offert un poste d'enseignante clinique en radiodiagnostic au Collège Dawson. J'exerçais ce métier depuis plusieurs années et la faculté avait besoin d'une remplaçante. J'ai fini par me laisser convaincre par une personne membre de l'équipe. Chaque fois qu'on me propose du travail, je me laisse convaincre... et voilà où j'en suis!
Lei : J’ai toujours aimé enseigner, d’abord comme instructrice de natation au secondaire, puis comme animatrice dans un camp d'informatique créative à l’université. Après quelques années dans l’industrie technologique, j’ai entamé une maîtrise en éducation à l’Université de Sherbrooke en mai 2020. À l’automne de la même année, j’ai commencé à enseigner à temps plein au Collège Dawson (oui, en ligne!), pour me plonger véritablement dans l’enseignement.Ce que je préfère dans ce métier, c’est d’être entourée d’apprenants, à la fois des étudiants, qui vivent un moment charnière de leur vie, et des collègues, animés par la même passion pour l’apprentissage.
Jim: J'ai commencé ma carrière dans le secteur public après avoir obtenu mon titre de CPA. Je me suis ensuite tourné vers le secteur privé, où j'ai occupé des rôles de plus en plus importants: contrôleur, vice-président des finances et directeur financier, principalement dans le secteur aérospatial. Tout au long de ma carrière, je m'épanouissais dans le mentorat de mes collègues et dans la mise en oeuvre d'initiatives de formation. C'est ce qui a éveillé mon intérêt pour l'éducation.
En 2014, j'ai fait mes premiers pas dans l'enseignement en acceptant un poste à temps partiel en enseignement professionnel, en donnant un cours sur la création d'entreprise. Cette expérience a réaffirmé ma passion pour le partage des connaissances et l'engagement avec les personnes qui apprennent. Quelques années plus tard, lorsqu'un poste s'est ouvert au Collège Dawson, j'ai postulé et j'ai eu la chance d'être sélectionné.
Ce que je trouve le plus gratifiant dans l'enseignement, c'est la possibilité de présenter le monde réel dans la salle de classe. J'aime raconter des anecdotes vécues dans ma carrière pour montrer aux étudiant·es que la comptabilité est bien plus dynamique que les chiffriers et les grands livres. Il s'agit de comprendre la stratégie des entreprises, de prendre des décisions complexes et de voir comment l'information financière est le moteur de l'innovation. Regarder les étudiant·s faire le lien entre la théorie et la pratique et voir leur confiance s'accroître à mesure qu'ils saisissent le portrait global est incroyablement gratifiant.

Lei Lopez
- Pourquoi avez-vous décidé de faire une maîtrise et qu'en avez-vous retiré? Combien de temps cela vous a-t-il pris?
Maria: Lorsque j'ai décidé de quitter l'hôpital pour enseigner, j'ai vécu le syndrome de l'imposteur. Je ne me sentais pas enseignante, je manquais de compétences et je voulais en savoir plus sur ce métier, en particulier sur l'apprentissage actif. J'ai choisi de m'inscrire aux cours Performa pour m'améliorer. J'avais l'objectif d'obtenir le certificat, puis le diplôme, mais je ne m'attendais pas à faire une maîtrise. Ça m'a pris environ six ans. Je n'ai pas vu le temps passer!
Lei : Lorsque j’ai décidé de passer de l’industrie à l’enseignement, je voulais en apprendre davantage sur ma nouvelle carrière. Suivre des cours au programme Performa m’a semblé la meilleure façon d’y parvenir! Ce qui avait commencé comme mon projet de pandémie s’est transformé en une expérience qui a profondément façonné ma pratique enseignante.Comme la maîtrise en éducation comptait plus de vingt cours à mon époque, la compléter en cinq ans a été un parcours rapide… peut-être même un peu trop ambitieux.
Jim : Une fois que j’ai choisi l’enseignement comme voie à long terme, j’ai voulu enrichir ma façon d’enseigner et d’inspirer mes étudiants. J’ai toujours cru que les étudiants apprennent mieux par l’expérience; c’est pourquoi j’ai entrepris une maîtrise en éducation afin de renforcer mon approche pédagogique. Ce programme m’a permis d’explorer des méthodes d’enseignement innovantes et concrètes, tout en apprenant à mieux relier la théorie à la pratique. Il m’a fallu environ six ans pour le compléter, et il m’a donné les outils nécessaires pour créer des expériences d’apprentissage plus engageantes et significatives pour les apprenants d’aujourd’hui.

Jim Parthimos
- Comment cette expérience vous a-t-elle permis d'évoluer dans l'enseignement?
Maria: Les cours du programme Performa m'ont énormément aidée à mieux enseigner et à préciser ma philosophie d'enseignement. Grâce au programme, je comprends mieux le processus d'apprentissage, y compris les différentes façons dont on traite et retient l'information. J'arrive à concevoir des activités plus inclusives et mieux adaptées aux différents styles d'apprentissage, pour que tout le monde puisse s'impliquer dans la matière. De plus, je réfléchis davantage à ma démarche d'enseignante: j'apprends à évaluer ce qui fonctionne (ou pas) et à m'adapter en temps réel pour favoriser la réussite étudiante. Dans l'ensemble, j'ai davantage confiance en mes capacités et je suis encore plus déterminée à offrir un milieu d'apprentissage dynamique, centré sur l'étudiante ou l'étudiant.
Lei : J'ai beaucoup plus de stratégies pédagogiques dans ma boîte à outils, j'apprécie davantage l'approche et l'alignement du programme et j'ai plus de collègues avec qui parler de pédagogie, à la fois à Dawson et dans le réseau plus large des CÉGEP.
Jim : Absolument, cette expérience m'a permis d'évoluer considérablement en tant qu'éducateur. Je suis passé d'une approche axée sur les cours magistraux à une classe davantage centrée sur l'étudiant, où les activités interactives et l'apprentissage par l'expérience occupent une place prépondérante. Je dis souvent à mes étudiants que mon objectif est de parler moins pour qu'ils puissent s'engager davantage. En appliquant les techniques et les stratégies que j'ai apprises, notamment en ce qui concerne les activités en classe, j'ai pu créer un environnement plus dynamique et participatif. Il est gratifiant de voir les étudiants s'approprier leur apprentissage et s'intéresser plus profondément à la matière.
- Est-ce que des collègues à Dawson ont joué le rôle de mentor ou ont influencé votre enseignement?
Maria: Plusieurs personnes inspirent ma façon d'enseigner, notamment Lei et Jim, avec qui j'ai terminé la maîtrise, ainsi que les autres profs de Dawson dont j'ai fait la connaissance pendant le programme Performa, qui m'a aussi permis de rencontrer des profs de plusieurs autres cégeps et programmes au Québec. J'ai beaucoup appris de notre collaboration. Bien entendu, mes collègues du programme Technologie de radiodiagnostic, avec leurs années d'expérience, influencent ma façon d'enseigner et de gérer mes cours. Les nouvelles recrues du corps professoral ont aussi beaucoup à nous apprendre. Dans l'équipe, tout le monde a des choses à transmettre, donc j'apprends énormément de mes collègues.
Lei : Mes collègues informaticiens me rendent meilleure chaque jour. Nous discutons constamment d'évaluations possibles, de la réussite des étudiants, et nous partageons nos réussites et nos moins bons coups en classe. Je tiens à remercier chaleureusement Maja Frydrychowicz qui m'a fait connaître l'occasion d'enseigner à Dawson!
Jim : Oui, absolument. Le service d'administration des affaires de Dawson est très soudé et solidaire. J'ai eu la chance d'apprendre auprès d'une équipe d'éducateurs professionnels et expérimentés. Plusieurs collègues ont des années d'expérience dans l'enseignement et leurs idées m'ont été d'une aide précieuse pour progresser en tant qu'enseignant. Je suis particulièrement reconnaissant envers notre directrice, Fabienne, dont les conseils et les encouragements ont été une source constante de soutien. Je peux toujours compter sur elle. Je tiens également à remercier mes collègues de bureau, Carmen, Angelo et Martin, qui offrent constamment des conseils pratiques, partagent des ressources et créent un environnement de collaboration qui rend chaque jour plus gratifiant. Leur mentorat et leur camaraderie ont joué un rôle important dans l'élaboration de mon parcours d'enseignant à Dawson.
- Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans le fait d'enseigner à Dawson?
Maria: Maintenant que j'ai davantage confiance en moi et que je me sens moins comme un imposteur, je peux continuer d'apprendre et m'impliquer plus activement dans différents projets. Le Collège encourage la participation aux groupes de travail et aux communautés d'apprentissage; c'est une occasion en or de s'impliquer dans des projets importants. Je suis très reconnaissante envers la direction et le Bureau du développement académique: leur accompagnement et leurs conseils nous ont été d'une aide précieuse et nous ont permis d'être beaucoup plus à l'aise.
Lei : J'aime être entourée de personnes passionnées par leur domaine, et pouvoir le transmettre aux étudiants.
Jim : Ce que j’aime le plus dans l’enseignement à Dawson, c’est le fort esprit de communauté et de collaboration. Le service d’administration des affaires offre un soutien exceptionnel. Le fait d’évoluer avec des éducateurs passionnés et expérimentés a profondément enrichi ma personne comme enseignant. On y partage un engagement commun envers la réussite étudiante et l’innovation pédagogique, ce qui fait de Dawson un lieu véritablement inspirant pour enseigner. J’apprécie aussi la possibilité d’intégrer mon expérience professionnelle dans un milieu d’apprentissage qui valorise l’enseignement pratique et concret. Dawson encourage la créativité et l'engagement, ce qui me permet d'élaborer des cours interactifs qui raisonnent auprès des étudiants. Les voir s’impliquer, poser des questions et appliquer les concepts de manière significative, c’est ce qui rend l’enseignement ici aussi gratifiant.
- Aimeriez-vous ajouter quelque chose?
Maria: Si vous envisagez ce programme mais que le temps et les efforts à fournir vous font peur, je peux vous garantir que ça vaut la peine. Les cours sont passionnants et directement liés à votre pratique d'enseignement, donc vous ne verrez pas le temps passer. Azra Khan m'a beaucoup aidée à m'inscrire aux cours et m'a énormément facilité la vie. C'est une occasion à saisir absolument: je ne pourrais pas être plus heureuse de mon choix!
Lei : Essayez au moins un cours Performa!
Jim : Je me réjouis de pouvoir enseigner à Dawson pendant encore de nombreuses années. J'espère que le cégep aura l'occasion de se développer et de faire une différence au sein de la communauté.