Préparer les étudiant·es à faire face à la vie réelle
Pour donner le coup d’envoi de son atelier du 14 janvier organisé pour les journées pédagogiques intercollégiales, Heather Martin, enseignante du programme Techniques de gestion et d’intervention en loisir (TGIL), a publié une activité, dont les seules instructions étaient : « Pouvez-vous résoudre ces énigmes visuelles? ».
« Certaines personnes se disent qu’elles n’y arriveront pas, et d’autres pensent qu’elles ont ce qu’il faut pour y arriver », expose Mme Martin.
La conviction que l’on peut y arriver était le sujet du mémoire de maîtrise en enseignement au collégial de Mme Martin dans le cadre du réseau Performa de l’Université de Sherbrooke. La connaissance de ses propres capacités, ou le fait d’avoir la conviction que l’on peut atteindre ses objectifs, était aussi au centre de l’atelier préparé pour les journées pédagogiques intercollégiales.
Au fil de ses recherches, Mme Martin s’est penchée sur la façon dont l’évaluation de ses propres capacités influence le sentiment des étudiant·es quant à leur état de préparation pour animer. Les résultats ont fait ressortir la différence entre l’état de préparation pour animer une activité et la préparation pour animer une activité de loisir.
Améliorer la capacité d’adaptation
L’objectif de l’atelier était d’aider les étudiant·es à comprendre comment l’utilisation d’activités authentiques en classe peut améliorer la connaissance de ses propres capacités. En outre, cette connaissance améliore la confiance en soi, réduit l’anxiété et améliore la capacité d’adaptation des étudiant·es dans des situations réelles, y compris les stages sur le terrain.
Après plus de vingt ans d’expérience en enseignement, Mme Martin remarque que les étudiant·es sont moins débrouillard·es qu’avant. « Dans le programme TGIL, nous formons les étudiant·es à animer des activités de loisir et à cultiver leur leadership communautaire. Nos étudiant·es apprennent comment organiser le plaisir des autres », ajoute-t-elle.
Mme Martin et ses collègues ont remarqué que certaines personnes ne réagissent pas aussi efficacement hors de la salle de classe. Elle explique : « Les étudiant·es qui démontrent bien leurs compétences en classe rencontrent parfois des défis dans des situations réelles, qui ébranlent leur confiance. Ils s’adaptent moins bien qu’avant aux circonstances changeantes. »
Adopter une attitude flexible
Les enseignant·es du programme TGIL s’efforcent d’aider leurs étudiant·es à mieux connaître leurs capacités, à adopter une attitude flexible et à avoir confiance en leurs moyens.
Mme Martin aime inviter le corps étudiant et le corps enseignant à trouver des solutions quand des défis se présentent. Selon elle : « Il faut voir les défis comme des occasions et non comme des obstacles.
Les enseignant·es ne peuvent pas présumer que les étudiant·es sont en mesure de trouver des solutions. Il s’agit d’une compétence qui doit être enseignée. »
D’ailleurs, elle trouve que la méthode de conception à rebours proposée par Wiggins et McTighe fonctionne bien : « Nous devons commencer par nous demander ce que les étudiant·es doivent connaître et ce qu’ils doivent être en mesure de faire au terme de notre cours. Puis, une fois cette information en main, nous devons adapter notre enseignement en conséquence. Pour y arriver, il faut parfois présenter le genre de défis que l’on rencontre dans des situations réelles et les laisser vivre des échecs potentiels en classe sans que ceux-ci n’influencent leurs notes ou une réelle clientèle. » Elle a constaté que les activités formatives avec des notes basées sur la participation et la réflexion plutôt que sur la performance peuvent permettre d’atteindre cet objectif.
Se sentir à l'aise sur le terrain
Dans le cadre du programme TGIL, Mme Martin veut que ses étudiant·es soient à l’aise de diriger une activité, peu importe ce qu’on leur demande. Elle développe : « Si, par exemple, il faut donner un cours de yoga traditionnel à un groupe où plusieurs personnes ont une mobilité réduite, il leur faudra s’adapter et proposer un yoga sur chaise.
Grâce à ses interactions avec les classes du réseau Performa, elle a appris que les défis auxquels sont confrontés les enseignant·es et les étudiant·es du programme TGIL pour se préparer à la réalité en dehors de la salle de classe sont semblables à ceux de nombreux autres programmes. Elle conclut : « La nouvelle cohorte d’adultes vient avec sa propre réalité et apporte une perspective différente. En tant qu’enseignant·es, notre responsabilité est de nous adapter pour répondre à leurs besoins. Nous devons nous demander ce qui les attend sur le terrain et ce que nous pouvons faire pour les aider à réussir. »