200 enseignant·es par session
Au risque de faire cliché, la communauté étudiante des cégeps aspire réellement à rendre le monde meilleur, pense Paul Wasacz, enseignant d'éducation physique au Collège Dawson.
« Les jeunes veulent apporter leur contribution et souhaitent qu'on les prenne au sérieux, a-t-il déclaré. Leur envie de faire connaître leurs opinions et leurs réflexions est réelle. C'est une communauté travaillante, créative et capable de trouver des solutions. Donnez-leur la possibilité de s'approprier un projet et de s'exprimer, et ils et elles le mèneront loin. »
C'est ce qui se passe dans son cours d'éco-paysagisme, un cours populaire qu'il a lancé en 2022 avec le soutien de Richard Montreuil, en éducation physique, et de Chris Adam, du Bureau du développement durable. Le cours a été initialement proposé par son ancien collègue Anthony Berkers. « J'ai eu la chance de pouvoir l'enseigner », a-t-il déclaré. Les groupes précédents ont créé les zones humides de Dawson, remanié des sections du jardin de la paix, mis en place un jardin Hugel (colline ou monticule en allemand) et contribué à la création du jardin du First Peoples’ Centre.
Paul est dans les préparatifs du sixième projet : de nouveaux jardins de fleurs sauvages pour les pollinisateurs, dans le cadre du plan d'aménagement paysager du campus. Sa classe sera à l'œuvre la fin de semaine des 3 et 4 mai.
« Qu'allons-nous faire? »
À chaque nouveau groupe, il présente l'objectif et les ressources, puis il cède les rênes. Il pose la question : « Qu'allons-nous faire? ». Le projet sur les zones humides a pris forme avec le tout premier groupe. La plupart des étudiant·es étaient au début de leur parcours au Collège Dawson. Ensemble, ils ont créé un habitat qui filtre et nettoie l'eau de pluie du toit, qui fonctionne encore à ce jour sur le flanc ouest du bâtiment, près du stationnement. Les étudiant·es ont vécu une première expérience formatrice à Dawson, ont appris à connaître leurs camarades dans un cadre détendu, juste avant le début de la session, et ont pu admirer le fruit de leur travail pendant leurs études, a-t-il déclaré.

Des étudiant·es à l'œuvre sur le projet des zones humides du Collège Dawson en 2022
La question de l'incidence individuelle est abordée dans tous les cours. « Inévitablement, il y a un peu de cynisme et de pessimisme, comme il se doit. C'est un peu l'analogie de la goutte d'eau dans un seau : une goutte à la fois, le processus est très long, mais le seau se remplit tôt ou tard. En mettant tous et toutes des gouttes dans le seau, celui-ci se remplit beaucoup plus vite, et nous finissons par créer des ondulations, voire des vagues.
« Nos petits gestes peuvent être ressentis par de nombreuses espèces et avoir une incidence sur beaucoup de choses. L'action à l'échelle locale, c'est aussi une action à l'échelle mondiale. C'est ainsi que nous créons des retombées.
« Nous plantons de l'asclépiade pour les papillons monarques. Nous leur consacrons des espaces pour se poser lorsqu'ils migrent du Mexique. Tout est là pour qu'ils se sentent en sécurité. Ils peuvent y pondre leurs œufs et se reposer. Nous avons une incidence énorme, et pas seulement sur le petit quadrilatère du Collège Dawson. »
Sauver des baleines
On incite les étudiant·es à poser des actions concrètes et à voir comment leurs décisions et actions individuelles peuvent mener à de bonnes choses. Paul se souvient de ce que Chris Adam lui a dit à propos du sauvetage des baleines. « Tout le monde veut sauver les baleines, a-t-il déclaré. Ce que nous avons fait à Dawson sauve les baleines. L'eau que nous utilisons revient vers elles avec 50 % de polluants en moins. Ça sauve des baleines! »
Il y a deux ans, après une grosse tempête de verglas, de nombreuses branches cassées jonchaient le campus. Il ne restait plus aux jeunes que quelques jours pour réaliser leur projet de jardin. Les étudiant·es de Paul ne se sont pas laissé·es décourager. « Le groupe a déplacé les grosses branches et a travaillé très dur. Parfois, il faut simplement savoir s'écarter de leur chemin! »

Des étudiant·es trouvent des solutions pour dégager les grosses branches afin de faire du jardinage en 2023.
Avant d'enseigner au Collège Dawson, Paul était à l'école primaire Riverview à Verdun et à l'école secondaire LaSalle Community Comprehensive High School à LaSalle. Il aime beaucoup la cohorte du cégep : « La volonté d'apprendre des étudiant·es, leur maturité et leur sens des responsabilités... c'est un groupe vraiment inspirant! »
Un saut dans le vide
Paul aime enseigner à ce groupe d'âge. Avant de se jeter à l'eau pour venir à Dawson en 2018, il a accompagné des étudiant·es du Collège à l'occasion d'un voyage de ski. Il a discuté longuement avec un jeune homme qui avait décidé de se diriger vers le génie civil. Paul a apprécié de parler à cet étudiant réfléchi et intelligent. « En discutant avec lui, je m'exclamais intérieurement devant son intelligence, sa maturité et sa gentillesse. C'est lui qui m'a fait penser que je pouvais faire ça! J'ai cru que ce serait bien de travailler avec des gens comme lui, s'il est l'étudiant type. Honnêtement, il ressemble à beaucoup de ceux et celles avec qui je discute aujourd'hui. »
Cette conversation a renforcé sa décision de passer au niveau collégial et de quitter son équipe tissée serrée au LCCHS. « Il y a des étudiant·es formidables, dit-il. C'est agréable de les rencontrer au début de leur parcours et de voir où ils aboutissent. »
Paul maintient sa motivation en donnant le meilleur de lui-même à ses étudiant·es. Il cherche toujours à leur confier des tâches qui s'appliquent à la vraie vie et qui les font réfléchir. Paul, qui a fréquenté le Verdun Catholic High School (aujourd'hui Beurling Academy), explique : « Mes professeurs nous ont tout donné. Je dois rendre la pareille aux jeunes d'aujourd'hui ».
Une grande admiration pour ses étudiant·es
On lui rappelle souvent à quel point il est chanceux de pouvoir laisser sa marque dans le parcours des jeunes et de partager ses connaissances. Il voir les choses autrement : « J'ai 200 enseignant·es par session! ». Il admire ses étudiant·es et au sujet d'une bonne moitié d'entre eux et elles, il dit : « Je ne leur arrive pas à la cheville ».
« À leurs côtés, j'apprends à m'améliorer chaque session. Ils et elles partagent des expériences qui m'aident à grandir en tant qu'éducateur. Cette humilité et cette ouverture d'esprit ont fait de lui l'enseignant empathique qu'il est aujourd'hui. Il entretient sa santé mentale et physique en faisant régulièrement de l'exercice, dont de la course à pied, du hockey et de la randonnée. Passionné de pêche, il aime aussi partir en exploration avec sa femme et leurs trois fils.
Paul a obtenu des diplômes en littérature anglaise et en histoire à l'Université Concordia avant de trouver sa vocation en éducation physique à l'Université McGill.
Issu d'une famille d'éducateurs, dont son père, sa grand-mère et ses frères, Paul a grandi dans un milieu qui valorisait l'éducation et l'épanouissement qu'elle apporte. « J'ai vu mon père heureux d'aller travailler et heureux de passer du temps à la maison, se souvient Paul. Il m'a donné l'exemple d'une belle carrière. »
Sa carrière témoigne du pouvoir des relations, de la résilience et d'un enseignement axé sur les objectifs. Sa capacité à établir un lien personnel avec les étudiant·es a laissé une marque indélébile sur d'innombrables vies. En revenant sur son parcours, Paul reste profondément reconnaissant du privilège d'être éducateur : « C'est un honneur, dit-il. J'ai la chance de laisser une marque dans la vie de mes étudiant·es qui, à leur tour, laissent la leur dans la mienne. »

Paul à la pêche, son lieu de prédilection.
Photos : fournies par Paul Wasacz