Expérience unique pour une nouvelle arrivante

Jericho (Thelma) Meuyanui Chenui, étudiante du profil Psychologie en sciences humaines, participe à un programme unique pour les nouvelles arrivantes et les nouveaux arrivants par l’entremise de la fondation Hockey pour les jeunes. L’organisme offre des activités gratuites sur la glace et à l'extérieur de la patinoire. Avec ses 11 programmes dans 6 villes canadiennes, l'organisme a fait découvrir le hockey à plus de 500 jeunes nouvellement arrivés au Canada qui proviennent de 42 pays différents.

Après avoir pris part en février aux festivités entourant la semaine des étoiles de la LNH à Toronto, avec 19 autres participantes et participants du programme, Jericho a été interviewée par la CBC.

Le Bureau des communications de Dawson s'est également entretenu avec Jericho pour lui parler de son expérience de hockey et de sa vie à Dawson. Notre équipe a aussi interviewé son entraîneuse et la coordonnatrice du programme Hockey pour les jeunes, Nayyara Noor Shabbir (ancienne étudiante de Dawson en Arts plastiques).

Entretien avec Jericho

Parle-moi de ta vie de hockeyeuse! Dans quelles circonstances as-tu commencé à jouer au hockey et quel âge avais-tu? Dans quelles équipes joues-tu? Qu’est-ce que tu aimes le plus de ce sport?

Jericho : J’ai commencé à jouer au hockey à 17 ans, quand j'étudiais à l'École secondaire Henri-Bourassa. La fondation Hockey pour les jeunes a lancé un programme et a invité les filles à découvrir ce sport. Je connaissais la plupart d'entre elles parce qu'elles étaient dans les classes d’accueil pour immigrants. Je n’ai jamais fait partie d'une équipe, car je suis encore en train d'apprendre à jouer. Je connais les bases, mais pour l'instant, je ne fais que les entraînements prévus par le programme quand j’ai le temps.

Ce que j’aime le plus, c'est l'aspect rassembleur de ce sport, surtout ici au Canada. Le hockey est profondément enraciné dans les traditions canadiennes. Je trouve ça génial d'avoir la chance de découvrir ce sport que les Canadiennes et les Canadiens aiment tant. Depuis que la Ligue professionnelle de hockey féminin a été créée, j'apprends à connaître les joueuses. Je les trouve toutes tellement incroyables et inspirantes.

Que fais-tu dans le cadre du programme de la fondation Hockey pour les jeunes? Quel effet le programme a-t-il eu sur toi? Quels sont les meilleurs moments que tu as vécus jusqu’à maintenant? Quelles occasions se sont présentées à toi?

Jericho : J'ai commencé à apprendre à jouer au hockey dans le cadre du programme en 2021, environ. Au début de mes études au cégep, j'avais de la difficulté à me libérer pour aller aux entraînements du mercredi. Je me suis donc inscrite à un nouveau programme de la fondation et j’ai commencé à faire du bénévolat avec des filles qui n'ont jamais joué. Mon implication dans le programme a eu un effet positif pour moi. J'ai rarement la chance de rencontrer des personnes de couleur, de mon âge, qui apprennent à jouer au hockey, pas plus que des personnes de couleur qui jouent au hockey tout court, en fait. Je suis heureuse de voir que des gens qui me ressemblent ont autant de plaisir que moi à pratiquer ce sport.

Mon moment le plus mémorable est ma rencontre avec des joueuses de la LPFH, d’abord au match des étoiles, puis lors de leur récent match à Montréal contre Ottawa. J'ai l'habitude de les voir à la télévision ou sur les médias sociaux, mais les voir jouer devant mes yeux est une expérience vraiment excitante. En participant au programme, j’ai non seulement eu la chance d'en apprendre davantage sur le sport et les joueuses, mais aussi de rencontrer des gens qui essaient de rendre le hockey plus inclusif. J’aime rencontrer des gens et entendre leurs histoires.

En quoi ta vie a-t-elle changé maintenant que tu es une athlète et que tu joues au hockey?

Jericho : Il n'y a pas grand-chose qui a changé, parce que j'étais très sportive pendant ma jeunesse. Je connais un peu le style de vie des athlètes, mais jouer au hockey est vraiment différent. Je pense surtout à l’équipement. Je pense que c’est la raison pour laquelle les gens travaillent si fort quand ils jouent au hockey. Mon équipement me donne envie de me dépasser, car je sais que je suis bien protégée. Des gens ont mis beaucoup d'efforts pour perfectionner l'équipement. De mon côté, je veux mettre les bouchées doubles pour apprendre le sport et m'améliorer, surtout avec le soutien que je reçois. Il y a aussi la culture du hockey au Canada. Je me sens incluse, mais j’aimerais que les gens soient moins nombreux à être surpris de voir des personnes comme moi qui jouent au hockey.

Parle-moi de ta vie à Dawson. Dans quel programme et quel profil étudies-tu? Participes-tu à des clubs, à des sports et à des activités parascolaires? Qu'est-ce que tu aimes le plus à Dawson?

Jericho : J'étudie au Collège depuis 2022 et je suis dans le profil Psychologie. J’ai amorcé mon parcours à la session d’automne en formation continue et j'ai commencé un DEC l’année suivante. Je n’ai pas vraiment regardé les possibilités de sports et d'activités parascolaires. J'ai de la difficulté à gérer mon temps et j'ai tendance à m'inscrire à beaucoup de cours, ce qui fait que je n'ai pas vraiment le temps pour ce genre de choses. Je pense que ce que j’aime le plus à Dawson, ce sont les autres étudiantes et étudiants, l’emplacement de l’école et l'ambiance. J'adore le fait que des personnes qui viennent de différents milieux et qui ont des objectifs différents se réunissent au même endroit pour poursuivre leurs études. C’est tellement génial. Il y a beaucoup de choses que je trouve géniales, comme vous pouvez le constater. Je suis tellement étonnée par tout ce que Montréal a à offrir.

Quels sont tes projets pour la suite de tes études ou ta carrière?

Jericho : J’ai l’intention d’obtenir un doctorat en psychologie et de devenir psychologue. Et, si j’ai de la chance, j'aimerais devenir encore meilleure au hockey (je sais que ce n’est pas facile de devenir joueuse professionnelle, mais tout est possible).

À ton avis, qu'est-ce que le hockey ou les autres sports d'équipe apportent à une étudiante ou à un étudiant?

Jericho : Côtoyer d’autres personnes et être capable de s'améliorer tout en gérant ses études. L'équipe devient comme une famille, et tu vis des expériences que tu n'aurais peut-être jamais vécues si tu ne fais qu'étudier.

Entretien avec l’entraîneuse Nayyara Noor Shabbir

Que retiens-tu de ton passage à Dawson? Qu’est-ce que ton expérience au Collège a changé pour toi? Qui étaient tes profs préférés et quels étaient tes cours favoris?

Nayyara  : Quand je repense à mes années à Dawson, je pense surtout à la vie étudiante. Il y avait un nombre incroyable de ressources à notre disposition. Il y avait toujours quelqu'un qui pouvait nous aider, que ce soit pour nos études ou d'autres sphères de notre vie. Les clubs étaient aussi un endroit très accueillant et idéal pour la socialisation. Près de 10 ans plus tard, je suis toujours en contact avec des personnes que j'ai rencontrées au Collège. Mon adaptation à la vie au cégep n'a pas toujours été facile, mais les obstacles que j'ai surmontés m'ont permis de grandir.

Parmi mes cours préférés, il y a eu The Power of Nonviolent Communication et Psychology, Sociology and Philosophy of Sport. Pour ce qui est des profs, j'ai adoré Rosemary Barrett et Cindy Starzenski. Je me souviens d'elles comme des personnes ouvertes d’esprit, bienveillantes et passionnées par leur travail.

Pourquoi as-tu décidé de t'investir dans la fondation Hockey pour les jeunes? Comment en es-tu arrivée à travailler avec Jericho? Tu es l'entraîneuse de quelle équipe?

Nayyara : J’ai joué au hockey toute ma vie, et j’aime enseigner ce que j’aime. En ce sens, le rôle d’entraîneuse de hockey me convient parfaitement. Je sais qu’il y a tout un groupe de jeunes filles et de jeunes hommes qui sont exclu·es du hockey. Il y a tellement d’obstacles qui les empêchent de faire ce sport. Le coût, le sexe et la culture, pour ne nommer que ceux-là. Les personnes qui viennent d'arriver au Canada ou qui sont mises à l’écart n’auront pas les mêmes chances que les autres de pratiquer le sport. En grandissant, mes sœurs et moi étions toujours les seules filles sur la glace. C'est tellement spécial pour moi d'être l'entraîneuse pour des programmes de hockey féminin. Parmi les filles que j’entraîne, il y a Jericho, que je connais depuis 2021.

Que fais-tu comme travail et comme sports en ce moment?

Nayyara  : J’ai obtenu mon diplôme de l’Université Concordia en 2020 et j’ai commencé à travailler pour la fondation Hockey pour les jeunes peu de temps après. En plus de donner des entraînements deux fois par semaine, je joue au hockey dans une ligue récréative féminine et je joue à l’extérieur en hiver la plupart des jours de la semaine. J’ai également commencé à courir en 2020 et j’ai terminé deux demi-marathons. L’an dernier, je me suis jointe à la ligue de soccer féminin de Pierrefonds. On peut dire que ma vie sportive est bien remplie.

Qu’aimerais-tu me dire au sujet de Jericho, la joueuse de hockey?

Nayyara : Jericho est l’une des joueuses les plus dévouées et les plus motivées que j’ai eu la chance d’entraîner. Elle a le désir de s’améliorer et se présente à chaque entraînement avec le sourire, prête à apprendre. C'est difficile de concilier les études et le sport, mais elle réussit à exceller dans les deux. Elle est une source de motivation pour beaucoup de nos jeunes filles, qui la voient comme un exemple de persévérance et une personne qui ne recule devant aucun défi. Je suis particulièrement fière de voir à quel point elle est prête à sortir de sa zone de confort et à essayer de nouvelles choses. Il peut parfois être effrayant de se retrouver dans un milieu où les personnes qui vous ressemblent sont rares, mais Jericho est pleine d'assurance. C'est un privilège de voir Jericho grandir et trouver sa place dans le monde du hockey.

Que penses-tu que cette expérience apportera à Jericho? 

Nayyara : Je pense que cette expérience lui ouvrira bien des portes. Elle pourra raconter son histoire à d’autres personnes qui souhaitent découvrir le hockey, mais qui se heurtent à des obstacles. Son parcours inspirera sans aucun doute la prochaine génération de jeunes filles à prendre de l’espace dans un milieu où elles n'ont pas l'habitude de se voir, et à ne jamais abandonner.

Aimerais-tu ajouter quelque chose?

Nayyara  : Entendre mes filles dire des choses comme « Je veux être la première femme de couleur dans mon équipe de hockey collégiale » ou « J’ai hâte de dire à tous les garçons qui ne croyaient pas en moi que j’ai eu la chance de rencontrer Marie-Philip Poulin (également une ancienne étudiante de Dawson) et Connor McDavid et de prendre des égoportraits avec eux! » me fait chaud au cœur. Le parcours de chacune est différent, ce qui ne le rend pas moins précieux. Je suis tellement fière de mes filles qui ont surmonté l’inconfort d’être les premières et de prendre de la place dans le monde du hockey. Sans le savoir, elles inspirent la prochaine génération de jeunes filles issues de la diversité. Si vous arrivez à le visualiser, rien ne vous arrête.



Dernière mise à jour : 11 avril 2024