Tavish McDonell
La pensée critique et ses dérives
Ils m'ont dit que les étudiants devaient suivre quatre cours d'anglais pour obtenir leur diplôme. Les trois premiers étaient faciles à comprendre : introduction, genres, thèmes. Puis il y a eu cet autre cours, celui dont l'acronyme ressemblait à une raquette de tennis high-tech. Il rimait avec "sexy", mais ne ressemblait à rien d'autre : rhétorique, composition, "critical this", "critical that". Il devait s'agir de restes de cours réels, reconditionnés et réchauffés pour des étudiants occupés en pleine ascension. Je ne voyais pas l'intérêt de ce cours. Je ne l'ai jamais demandé. J'ai continué à enseigner les sonnets et la magie d'Ibsen.
Mais bon, j'étais un débutant ! Non titularisé ! L'homme du bas de l'échelle ! Je devais suivre les cours qui m'étaient assignés. Et très vite, j'ai vu ces trois lettres sur l'emploi du temps de la prochaine session : B, X et E. J'ai demandé à mes collègues ce que je devais faire, mais aucun d'entre eux n'avait entendu parler de la signification de ces lettres. Je savais que je voulais un cours sur des sujets moins ennuyeux que la littérature : les films, oui, mais même eux peuvent être assez blah blah blah, surtout les films bavards qu'on nous fait regarder à l'école, alors je voulais aussi des publicités, des produits, des mèmes, des super-héros, des mash-ups, des clips Internet. Vous savez, des choses racontables. Ce cours allait être très original. J'allais être ce professeur branché, qui ouvrirait les yeux de ses élèves sur les stéréotypes de genre dans les publicités de shampoing... Continuer la lecture