Excursion au théâtre L'Idiot
5 avril 2018Dans le prolongement du texte qui fait l'objet du cours de sciences humaines que suivent les étudiants, une production théâtrale professionnelle de ce même texte leur permettra de mieux comprendre et apprécier l'original. Une dramatisation en direct du roman de Dostoïevski transmet aux étudiants la traduction la plus riche possible de leur expérience de lecture. Elle améliorera également leur compréhension globale des grandes questions morales soulevées par le roman (pour une meilleure performance à l'examen final), et elle donnera plus de force à leur propre écriture de dialogues inspirés par le livre pour leur travail lié au programme.
Le roman de Dostoïevski, L'Idiot, pose la question suivante : "À quoi sert la bonté ?" Le personnage principal, le prince Mychkine, est la tentative de Dostoïevski de "dépeindre une âme vraiment belle". Mais la bonté même de ce personnage est troublante ; peu de personnages du roman comprennent ou acceptent l'effet de fusion que Mychkine a sur eux ; et la tragédie de la fin semble à la fois inévitable et inexplicable. Comme l'a dit un étudiant, "en plaçant Mychkine au centre d'une société pécheresse et sans reproche, semblable à notre époque moderne, Dostoïevski réussit à nous montrer à quel point la société peut être impitoyable à l'égard d'un homme totalement indulgent". Vivre l'histoire sur scène en temps réel est d'une puissance inoubliable, cathartique et utile à un tout autre niveau. La prochaine production de L'Idiot au Théâtre du Nouveau Monde donnera au livre de Dostoïevski une vie émotionnelle plus grande et un sens plus complet dans un cadre contemporain.
Mise à jour du projet
Deux sections de notre cours d'éthique ("Moral Choices in Literature") ont incontestablement bénéficié de la production théâtrale en français de L'IDIOT de Dostoïevski, les 3 et 5 avril, au Théâtre du Nouveau Monde.
Après avoir passé le semestre à analyser les choix moraux des principaux personnages du roman de Dostoïevski (qui restent tout aussi pertinents aujourd'hui que lorsque le livre a été écrit pour la première fois il y a 150 ans), l'expérience de voir bon nombre des mêmes scènes et dialogues traduits en termes contemporains a été rafraîchissante. Le metteur en scène et le dramaturge ont clairement fait de leur mieux pour honorer l'original tout en introduisant leur propre vision plus légère et plus comique du roman. Comme le dit si humblement et si justement Étienne Lepage dans ses notes au programme du théâtre, "C'est donc avec une joie presque terrorisée que je vous souhaite la bienvenue à ce spectacle, avec l'espoir que vous y trouverez un peu la lumière aveuglante du chef-d'œuvre de Dostoiveski."
Le spectacle passionnant créé par Étienne Lepage et Catherine Vidal a fait prendre conscience aux élèves du contenu émotionnel réel des choix lorsqu'ils sont confrontés à l'ambiguïté et à la conformité. Un élève a spontanément déclaré le lendemain que "la pièce d'hier soir était le meilleur spectacle que j'aie vu depuis très longtemps". D'autres élèves ont été manifestement surpris et ravis par les éléments comiques que la dramatisation française a extraits du livre, souvent sombre ou déroutant, qu'ils connaissaient déjà. En tant que professeur, j'ai moi-même été extrêmement satisfait de voir jouée, avec une grande fidélité et une grande drôlerie, la meilleure anecdote drôle de Dostoïevski jamais enregistrée (l'histoire du général Ivolguine, expliquant sa réponse à une dame avec un chien dans un train : après qu'elle se soit opposée à ce qu'il fume un cigare en jetant son cigare par la fenêtre ouverte du train, il a jeté avec indignation son chien par la même fenêtre) !
Lors du cours suivant, les étudiants ont examiné la signification de notre travail de cours à la lumière de notre expérience théâtrale. Comme l'a fait remarquer un étudiant, "le choix d'infuser le chef-d'œuvre russe mélancolique avec le style français comique était un excellent choix. La langue utilisée par les acteurs a en quelque sorte simplifié les phrases russes difficiles des personnages, comblant ainsi toutes les lacunes que l'on pouvait avoir après avoir lu le roman.