Matière à réflexion : Utiliser l'alimentation et le développement durable pour impliquer les étudiants

À l'approche de la Journée d'action pour la Terre du 27 septembre 2019, nous nous souvenons de l'important défi mondial auquel nous sommes tous confrontés : l'urgence climatique. À part défiler avec les étudiants et les jeunes, que pouvons-nous faire d'autre pour y remédier ? Un projet à Dawson propose que nous nous attaquions au plus grand test pour notre avenir en réfléchissant à quelque chose dont nous avons tous besoin : la nourriture. Ce faisant, les étudiants, les professeurs et notre communauté peuvent commencer à transformer nos communautés locales et notre environnement, contribuant ainsi au virage de Montréal vers un avenir urbain durable.

20170504_093709Rencontrez l'équipe de justice alimentaire et de durabilité (FJS) au Collège Dawson. Ce groupe s'est formé en 2016 grâce à deux subventions d'innovation sociale pour les collèges et les communautés, accordées par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada ( Sciences humaines ). Il a établi des partenariats avec des quartiers et des réseaux locaux de Montréal, ainsi qu'avec des chercheurs universitaires. Les objectifs de l'équipe FJS sont de comprendre comment et ce que nous mangeons tous les jours, de s'attaquer aux questions urgentes de justice et d'inégalité dans ce que nous mangeons, et de comprendre comment nos choix ont un impact sur la santé, notre communauté et l'environnement.

Qu'est-ce que cela implique ? L'un des principaux aspects du projet SJF a été lancé par des étudiants, ici même à Dawson.

Remarque

Les chercheurs et les praticiens dans ce domaine font la distinction entre la sécurité alimentaire, la souveraineté alimentaire et la justice alimentaire. La sécurité et l'insécurité alimentaires font référence à la capacité d'un individu ou d'un ménage à avoir un accès adéquat et sûr à la nourriture ; l'accès inadéquat et insécurisé est dû à des contraintes financières.

La souveraineté alimentaire fait référence au droit d'une communauté ou d'un gouvernement de choisir la manière dont sa nourriture est produite et consommée afin de respecter ses moyens de subsistance. Historiquement, elle a été créée par Via Campesina en 2009 et a été principalement associée à la mobilisation pour les droits des paysans dans le Sud, bien qu'elle ait été étendue plus largement à la production d'aliments locaux et donc aux initiatives d'agriculture urbaine dans le Nord.

La justice alimentaire fait référence aux inégalités sociales et géographiques qui affectent l'accès à des aliments frais et sains, comme le racisme, la classe sociale ou les quartiers où les aliments sains ne sont pas disponibles, accessibles ou abordables. Voir K.V. Cadieux et R. Slocum, What does it mean to do food justice ? Journal of Political Ecology 22 (2015) : 1-26.

De la part des étudiants et de la communauté : une idée novatrice et un programme de recherche

Le projet SJF à Dawson a commencé par un simple défi d'enseignement : comment relier les questions écrasantes du changement climatique et de la durabilité avec des idées directes et significatives qui aident les étudiants à comprendre les questions plus profondément et à s'engager de manière critique dans les problèmes et les solutions. J'ai commencé à répondre au défi que m'ont lancé les étudiants des classes d'études environnementales : que pouvons-nous faire maintenant, se demandaient les étudiants ? Grâce à un dialogue et à des propositions en classe, ainsi qu'à une occasion fortuite de travailler avec le groupe Alternatives (un groupe communautaire local), les étudiants ont entrepris de cultiver des aliments en milieu urbain en mettant sur pied le projet des jardins sur les toits de Dawson. Avec le soutien de Sustainable Dawson et d'un groupe d'enseignants dévoués, l'impact environnemental et social de la culture de notre propre nourriture sur le campus est devenu une partie de l'expérience de la communauté de Dawson. À partir de là, le projet SJF et les recherches des étudiants sur la communauté montréalaise dans son ensemble ont commencé à prendre de l'ampleur.

20170504_094653Au-delà de ces premières expériences, les étudiants de Dawson ont pu explorer plus en profondeur les ressources alimentaires disponibles dans notre quartier dans le cadre d'un cours intitulé "Études avancées en sociologie". Cette exploration était une réponse directe aux besoins d'une organisation locale de sécurité alimentaire : quelles sont les ressources alimentaires disponibles dans notre quartier ? Comment connaître ces ressources ? Plus important encore, comment pouvons-nous mieux collaborer avec les organisations et les individus pour répondre aux besoins de la communauté ? Avec Gaelle Janvier, notre principale partenaire communautaire de Alternatives, Les étudiants ont cartographié plusieurs quartiers de Montréal en se concentrant sur le système alimentaire local et les atouts alimentaires - c'est-à-dire les ressources disponibles pour les résidents et les citoyens où ils peuvent bénéficier de la culture, du partage, de la réception et de l'apprentissage de la nourriture.

À partir de cette expérience, notre équipe de recherche et nos partenariats avec les quartiers locaux se sont orientés vers une approche plus large des questions liées à la justice alimentaire et à la durabilité.

 

Pourquoi la justice alimentaire et la durabilité ?

Selon le rapport d'évaluation sur l'utilisation des terres du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) récemment publié par les Nations unies, 107 chercheurs de plus de 50 pays avertissent que si nous ne limitons pas l'impact des émissions de gaz à effet de serre à 1,5 degré Celsius, la sécurité alimentaire mondiale est fortement menacée. Avec plus de 500 millions de personnes vivant déjà dans des zones de désertification, les sols fertiles et la production agricole surchargés et menacés pourraient affecter de manière significative une population mondiale en plein essor et actuellement sous pression[1]. Ce rapport et d'autres informations montrent clairement que nos habitudes quotidiennes sont liées à des problèmes à la fois locaux et mondiaux tels que la déforestation et la conversion des terres en Amazonie. Une meilleure compréhension de ces liens, une réflexion sur les changements à apporter à ces habitudes et la recherche de solutions profitables à tous sont essentielles pour garantir un avenir à la fois plus durable et plus juste pour tous[2].

Mais il ne s'agit pas seulement de changements globaux et lointains. Ils ont également un impact sur nous, ici à Montréal. Avec l'augmentation des taux d'insécurité alimentaire à Montréal (l'insécurité alimentaire et l'utilisation des banques alimentaires ont augmenté régulièrement depuis 2008 malgré les gains économiques) et le mois le plus chaud jamais enregistré en juillet 2019, il s'agit de questions profondément locales et personnelles[3]. Comprendre comment nous pouvons construire un système alimentaire plus durable à Montréal - où nous sommes moins dépendants de l'approvisionnement mondial, capables de mieux résister aux mois chauds et froids à l'avenir et de fournir des aliments adéquats et abordables à de nombreux résidents de notre ville - est l'occupation principale et l'agenda du projet SJF.

Le fait d'amener les étudiants à réfléchir de manière critique aux solutions à l'inégalité et à la durabilité à Montréal fait donc partie d'un programme mondial plus vaste visant à relever le défi de nourrir une population croissante de manière plus durable face au développement et à l'urbanisation à l'échelle mondiale.

 

Le projet SJF : ce que nous faisons

Comment contribuons-nous au paysage alimentaire et au défi de la justice alimentaire et de la durabilité à Montréal ? Tout d'abord, nous avons appris, grâce à notre expérience avec les étudiants et à notre première subvention, que l'information est essentielle. En utilisant les demandes d'accès à l'information, en parcourant les sources de données en ligne et en développant un audit des ressources disponibles, nous avons rassemblé des informations et développé une méthodologie pour documenter le système alimentaire à Montréal, quartier par quartier. Pour aider les résidents à mieux comprendre leur quartier et les options alimentaires qui s'offrent à eux, nous avons développé une série d'outils en ligne. Parmi ces outils, une carte représente visuellement plus de 14 000 points de données sur le système alimentaire montréalais, de la production (cultiver des aliments) à la distribution (acheter des aliments) en passant par le gaspillage (réduire nos déchets alimentaires). Nous sommes en train de développer la version 2.0 de notre carte alimentaire de Montréal, mais vous pouvez consulter la version 1.0 ici. Nous continuons à développer ces données pour les organisations communautaires afin de soutenir leur planification et leur mise en œuvre dans la phase 2 de notre subvention.

carte alimentaire

Capture d'écran de la carte alimentaire de Montréal

 

Deuxièmement, nous avons donné la priorité au développement et au soutien des partenariats entre la recherche et les communautés. Dès le début de notre travail, il est apparu clairement que les chercheurs produisaient des informations et des données de qualité qui ne se traduisaient pas, et ne pouvaient pas se traduire facilement, en politiques et en connaissances utiles aux communautés locales. En réponse, nous organisons des réunions mensuelles qui rassemblent des organisations et des chercheurs de tout Montréal, ainsi que des professeurs et des étudiants de Dawson, pour discuter des défis urgents et des solutions possibles en matière de politique alimentaire locale. Les sessions de l'année universitaire 2018-2019 comprenaient des discussions sur la faim zéro, le logement et la sécurité alimentaire, et les initiatives de quartier locales, pour n'en nommer que quelques-unes.

Enfin, dans le cadre de notre subvention actuelle, en partenariat avec d'autres chercheurs, nous recueillons des données originales et menons des recherches appliquées pour aider directement les quartiers locaux à comprendre, évaluer et utiliser les ressources. Cela implique un partenariat étroit avec trois tables rondes sur la sécurité alimentaire dans les quartiers pour suivre la mise en œuvre des plans d'action locaux afin de comprendre comment et pourquoi les communautés réussissent ou échouent dans leurs efforts pour changer le système alimentaire. Les partenaires de cette initiative sont les suivants Grand Potager à Verdun, la Coalition pour la sécurité alimentaire de NDG, l'Institut des politiques sociales et de santé de McGill, le Centre McGill pour la convergence de la santé et de l'économie (CCSE), ainsi que d'autres organismes communautaires et chercheurs.

Plus important encore, ce travail inclut les étudiants de Dawson qui ont été intimement impliqués dans le suivi des jardins privés locaux dans Parc Extension, menant leur propre cartographie et recherche d'initiatives locales, et contribuant à l'agenda de recherche global depuis que nous avons commencé à cartographier les ressources alimentaires de Montréal en 2013. Grâce à leur participation à cette recherche et aux jardins sur les toits, les bénévoles et les étudiants ont contribué à l'évaluation et à la modification de leurs propres habitudes alimentaires, ainsi qu'à la sensibilisation à l'environnement montréalais.

Les étudiants de Dawson, par le biais de leurs projets de classe avec FJS, s'engagent directement dans le développement de plusieurs des résultats du profil des diplômés, tels que la pensée critique et la résolution de problèmes, la communication, le travail d'équipe, la santé et le bien-être et, bien sûr, la responsabilité sociale et l'engagement communautaire.

 

Qu'est-ce qui nous attend ?

Le projet FJS commence l'année 2019-2020 avec un certain nombre d'activités qui seront ouvertes aux étudiants, au personnel et à la faculté de Dawson. La première est une conférence hébergée le 26 septembre 2019, axée sur la justice climatique et la justice alimentaire avant la marche pour le climat du 27 septembre 2019. Nous sommes ravis d'accueillir à nouveau Laurence Lavigne-Lalonde à Dawson en tant que conférencière. Conseillère municipale de Maisonneuve-Longue-Pointe, elle est membre du comité exécutif de la ville et est responsable de la transition et de la résilience environnementale, d'Espace pour la vie et de l'agriculture urbaine à Montréal. Consultez les détails de l'événement sur Eventbrite et inscrivez-vous pour obtenir un billet gratuit. Pour suivre l'évolution du projet et les futures conférences, visitez notre page Facebook.

Changer le climat est l'objectif principal du projet SJF depuis son financement initial en 2016. Cependant, cette initiative s'appuie à la fois sur l'intérêt et le dévouement de la communauté de Dawson. Nous sommes impatients de continuer à partager avec vous.

 

Notes de fin d'ouvrage

[1] GIEC, Rapport spécial sur les changements climatiques et les terres : rapport spécial du GIEC sur les changements climatiques, la désertification, la dégradation des terres, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres, (Cambridge University Press, Cambridge, Royaume-Uni et New York, NY, États-Unis, 2019). Consulté à l'adresse suivante https://www.ipcc.ch/report/srccl/.

[2] Pour un titre récent, voir A. Symonds, "Amazon rainforest fires : here's what's really happening", New York Times, 23 août 2019. Consulté à l'adresse https://www.nytimes.com/2019/08/23/world/americas/amazon-fire-brazil-bolsonaro.html.

[Malgré l'expansion des programmes de lutte contre la pauvreté depuis 2008-2009, l'insécurité alimentaire a augmenté dans tout le Canada. Cela est particulièrement vrai pour les communautés nordiques. Près de la moitié des ménages du Nunavut sont en situation d'insécurité alimentaire. Voir V. Tarasuk, A. Mitchell, N. Dachner, L'insécurité alimentaire des ménages au Canada, 2014. (Toronto : Research to identify policy options to reduce food insecurity, (PROOF) 2016). Tiré de https://proof.utoronto.ca/.



Dernière modification : 24 septembre 2019