Depuis le lancement de l'initiative Dawson First Peoples en 2015, la culture du Collège Dawson a bien changé. Les étudiant·es autochtones et les pratiques pédagogiques autochtones occupent une plus grande place. Le First Peoples' Centre et le parcours Journeys sont deux réussites majeures qui ont conduit à une augmentation de notre population étudiante autochtone et à l'embauche de nouveaux membres du personnel autochtones. Au cours de la même période, un nombre impressionnant de membres du corps enseignant, de professionnel·les et de personnel de soutien du Collège Dawson, presque entièrement colonisés[1], ont participé à l'apprentissage de leur position dans un établissement d'enseignement qui est le produit d'un passé colonisateur.
Journeys est un programme de transition d'un an conçu pour offrir aux étudiants inuits, métis et des Premières nations un environnement accueillant, holistique, favorable et culturellement pertinent pour l'apprentissage au niveau postsecondaire.
Au cours de l'année universitaire 2018-2019, soixante membres différents du corps professoral, du personnel professionnel et du personnel de soutien ont participé à une série d'ateliers d'une journée entière - animés par des éducateurs, des travailleurs sociaux, des artistes et des activistes autochtones - pour apprendre comment ils pouvaient commencer à apporter des changements collectifs dans chacun de leurs postes individuels afin d'améliorer la qualité de l'éducation pour les étudiants autochtones et les colons. L'Initiative des Premiers Peuples de Dawson a également organisé des activités de développement professionnel pour le corps enseignant et le personnel dans le cadre de la Journée pédagogique et du Centre pour la paix. Plus récemment, le corps professoral et le personnel ont participé à l'événement " Truth & ReconciliACTION : Cégeps & Indigenous Futures " au Collège Vanier, organisé par le Intercollegiate Indigenizing Initiatives Network (réseau intercollégial d'initiatives d'autochtonisation).
S'appuyant sur ces progrès, le Collège Dawson lancera le certificat d'études sur la décolonisation et l'autochtonisation (DIS) en janvier 2020. Plus de 60 cours ont déjà été inscrits sur des listes croisées dans le cadre de ce certificat, et plus de 100 étudiant·es ont manifesté leur intérêt à s'y inscrire.
Le certificat d'études sur la décolonisation et l'autochtonisation permet aux étudiant·es d'explorer la relation coloniale du Canada avec la grande diversité des peuples autochtones, tout en découvrant les nombreuses façons dont ces derniers ont continué à renforcer leurs cultures face aux défis du colonialisme. Le DIS offrira également aux étudiant·es la possibilité de participer à des activités parallèles organisées à Dawson, et de nouer des relations avec les communautés autochtones de la région de Montréal et avec la communauté autochtone urbaine située à proximité du Collège. Pour les enseignant·es, ce certificat contribuera à la création d'une communauté de pratique entre les disciplines, fondée sur des pratiques d'apprentissage et des initiatives pédagogiques autochtones innovantes.
Notes de fin d'ouvrage
[L'universitaire autochtone Chelsea Vowel explique que le terme « colon » n'est pas péjoratif : « colon » est un terme relationnel, plutôt qu'une catégorie raciale... [Le colonialisme de peuplement] fait référence à l'occupation délibérée et physique d'une terre comme méthode d'affirmation de la propriété sur la terre et les ressources. Les premiers colons étaient d'origines européennes diverses et ils ont apporté avec eux leurs lois et leurs coutumes, qu'ils ont ensuite appliquées aux peuples autochtones et, plus tard, à tous les peuples qui sont venus au Canada sans être des colons. Il ne s'agit pas seulement des Européens ayant un pouvoir sociopolitique, mais aussi de ceux des classes inférieures qui se sont installés ici pour chercher des opportunités économiques. » Les migrants non européens qui ont été déplacés par la colonisation dans leur propre pays et les descendants de personnes qui ont été amenées ici contre leur gré « n'ont pas le pouvoir d'apporter avec eux leurs lois et leurs coutumes, qu'ils appliquent ensuite au reste des peuples vivant au Canada - quoi qu'en disent certains alarmistes. Les structures sociopolitiques dominantes en place restent d'origine européenne et, comme les peuples autochtones le savent bien, elles ne sont pas si faciles à changer. » Écrits autochtones : A Guide to First Nations, Métis, and Inuit issues in Canada (Winnipeg, Highwater Press, 2016) : 16-17.